Dans un document rendu public, Djibouti dénonce la visite du président somalien à Asmara, mais également l’appui apporté lors de l’examen de la levée des sanctions au Conseil de sécurité du 30 juillet portant sur l’Érythrée, où, de concert avec l’Éthiopie, et faisant ainsi fi du différend qui oppose Djibouti au régime d’Isaias Afeworki, le représentant de la Somalie a plaidé en faveur de leur levée. Le communiqué peu « diplomatique » risque de provoquer des réactions variées chez nos voisins régionaux.
Dénonciation
Il n’est pas dans les habitudes de la diplomatie djiboutienne de s’épancher en public sur sa politique extérieure, et encore moins d’étaler ses difficultés, privilégiant en général la discrétion des salons feutrés pour aplanir celles-ci, à l’exception notable, de la question érythréenne, qui est d’une certaine manière son veau d’or. Ce communiqué fait exception, il détone puisqu’il dénonce, le rapprochement inattendu de la Somalie de Mohamed Abdillahi « Farmaajo », avec le meilleur ennemi de la République de Djibouti.
« Le gouvernement et le peuple de la République de Djibouti ont été profondément choqués par la déclaration faite par le président de la République de Somalie, Mohamed Abdillahi Farmaajo lors de sa récente visite à Asmara déclaration dans laquelle il a appelé les Nations unies à lever les sanctions qui frappent l’Érythrée depuis 2009 pour son rôle déstabilisateur dans les pays voisins, et plus particulièrement pour son soutien au groupe terroriste somalien Al Shebab et pour son différend territorial avec la République de Djibouti.
En tant qu’État souverain, il ne fait pas aucun doute que la Somalie a le droit d’établir des relations diplomatiques avec les pays de la région. Cependant, il nous est inacceptable de voir la république sœur soutenir l’Érythrée qui occupe une partie de notre territoire et refuse toujours de reconnaître de détenir des prisonniers djiboutiens.
Il aurait été plus sage au chef de l’État de la République sœur de la Somalie de mentionner dans sa déclaration le problème frontalier opposant la république de Djibouti à l’Érythrée et d’inciter ce dernier pays à chercher une solution pacifique au différend ».
Tout en soutenant pleinement les efforts de la Somalie pour rétablir ses liens avec l’Érythrée, Djibouti estime que eu égard aux relations historiques et fraternelles, entre les deux pays, la nation somalienne aurait pu manifester lors de son séjour à Asmara auprès de ses nouveaux amis, un tantinet plus de solidarité avec la nation djiboutienne et œuvrer afin de faire lever les hypothèques qui pèsent dans le rétablissement d’une relation pacifiée entre Djibouti et Asmara.
Interrogé dans nos colonnes sur la question somalienne, Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères n’avait pas manqué de souligner la profondeur des liens qui unissent les deux peuples : « Il faut savoir d’abord que la demande d’envoi des troupes, dans le cadre de l’AMISOM, vient du gouvernement somalien, […] Nous sommes un pays qui partage avec la Somalie une langue, une culture et certaines valeurs qui permettront aux forces djiboutiennes de pouvoir faire œuvre utile sur la scène somalienne. […]
Bien entendu, il y a des risques lorsque l’on envoie des troupes en opération ; mais le fait que l’on s’abstienne d’envoyer des troupes ne nous garantit d’ailleurs pas une sécurité interne à toute épreuve. Le terrorisme est un fléau qui n’a pas de frontières, qui ne cherche pas d’excuses pour agir et attaquer là où les brèches existent, et nous savons que tout cela comporte un certain nombre de risque. Mais il faut savoir que la République de Djibouti s’est toujours positionnée sur le dossier somalien comme un partenaire recherchant la réconciliation, la paix et la stabilité pour ce pays. Cela est nécessaire pour Djibouti puisque nous sommes un pays voisin de la Somalie, et la stabilité de la Somalie contribue à consolider notre propre stabilité ».
Cette passion de la diplomatie djiboutienne pour la défense de la cause somalienne, Mohamed Moussa Chehem, alors ambassadeur de Djibouti à Bruxelles, nous en vantait dans nos colonnes les mérites : « Notre diplomatie, sous l’impulsion du chef de l’État, Ismail Omar Guelleh, ne cesse de marquer des points, nos avis sont écoutés et pris en considération lors des discussions bilatérales ou multilatérales. Nous avons une diplomatie très active, nous sommes sur les avant-postes sur de nombreux dossiers, que cela soit celui de la piraterie maritime, de la question somalienne, et bien d’autres encore. Notre pays a toujours pesé de tout son poids afin de faire entendre ses réflexions sur des questions essentielles. D’ailleurs, sur ces sujets, nos conseils avisés ont été pris en compte par la communauté internationale.
Pour mémoire, je voudrais rappeler par ailleurs que notre pays est le premier à organiser la première conférence de réconciliation somalienne en juillet 1991, puis en 2000, et la dernière en 2009 sous l’égide des Nations-unies, à la requête du représentant spécial des Nations-unies pour la Somalie, Ahmadou Oul-Abdallah. Ainsi, notre pays s’est efforcé d’encourager le dialogue entre les différentes factions rivales lors des négociations qui ont été menées avec brio ces dernières années et qui ont conduit à ce que l’on appelle communément les accords de Djibouti de janvier 2009. Ces accords, qui auront permis de mettre sur pieds un gouvernement de transition de large consensus, ont dans un premier temps favorisé l’élargissement du parlement somalien, avec notamment l’entrée dans celui-ci, entre autres, de l’opposition islamiste modérée. Ce choix de faire participer toutes les sensibilités politiques somaliennes dans le processus de réconciliation était d’ailleurs défendu âprement et de longue date par le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh. Nous sommes heureux d’avoir pu sensibiliser nos différents interlocuteurs sur cette question primordiale. Cette approche, prôné par « notre petit pays » comme vous dîtes, a été payante à plus d’un titre. »
C’est à l’aune de ces liens entremêlés, de ce sentiment partagé d’appartenance à une même fraternité, qu’il faut comprendre la stupeur et la colère, des autorités politiques et d’une partie de la population djiboutienne, dans ce qui est considéré ici, comme une attitude inappropriée pour ne pas dire, une trahison au champ de bataille. Vu de Djibouti, dans les idées reçues sur la Somalie, ce grand pays de la Corne, incarne l’allié indéfectible, le frère de sang, le bouclier protecteur, dont la seule existence de cette relation si particulière, a mis un coup d’arrêt à certaines velléités de "mariage forcée" à la nation djiboutienne au lendemain de l’indépendance. Un pan entier de nos certitudes s’écroule à l’image d’un château de cartes ! Comment réagir dans cette mauvaise passe ?
« Les États n’ont pas d’amis mais des intérêts », il faudra s’y faire, ainsi va la triste réalité de la conduite du monde ! D’ailleurs nos politiques désemparés par « l’effet boomerang », ne devraient pas l’être, ô combien même le retour de bâton est douloureux, puisque cet adage, bien connu de notre diplomatie, est appliqué à la lettre et sans état d’âme, dans la gestion de nos relations d’État à État...
La dette du sang
« Djibouti a souffert et payé le prix fort du sang de ses braves hommes et femmes dans la guerre qui l’oppose à l’Érythrée. Nous avons toujours un différend frontalier avec ce pays et nous condamnons donc fermement la décision historique de nos frères somaliens qui ont soutenu aveuglement l’Érythrée, alors que nos jeunes soldats sont encore présents aux côtés de leurs frères et sœurs somaliens pour défendre la paix et la stabilité de la Somalie », conclut le communiqué de la représentation diplomatique de Djibouti, à Mogadiscio.
Là, c’est une ferme allusion au sacrifice du peuple djiboutien, qui dans le cadre de l’opération de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) fournit un contingent de près de 2000 hommes pour appuyer les efforts du gouvernement fédéral dans sa lutte contre les extrémistes Shebabs. Le communiqué rappelle subreptiblement qu’un certain nombre d’entre eux ont donné de leur vie pour cet idéal de refondation de l’État somalien. Même si le communiqué ne le mentionne pas, la diplomatie djiboutienne, est d’autant plus amer, qu’elle a en mémoire les efforts inlassables qui ont été les siens pour favoriser la réconciliation nationale, notamment en abritant des instances de dialogues inter somaliens, en promouvant au succès du processus de Djibouti, où encore, en organisant les premières élections législatives et présidentielles de la république somalienne depuis la chute du régime de Mohamed Siyaad Barre, à Djibouti.
Face à cette histoire partagée, à ses liens filiaux, et plus encore, les bouleversements régionaux en cours rendant incertain l’avenir, Djibouti considère qu’il était de la responsabilité commune de la Somalie, à l’instar de Djibouti, de plaider sa cause et défendre ses intérêts. La volte face du 30 juillet au Conseil de sécurité marquera un tournant dans les relations entre les deux pays. Ismaïl Omar Guelleh, semble vouloir prendre à témoin, contre le président Mohamed Abdillahi « Farmaajo », son propre peuple. Il le sait très attaché à la nation djiboutienne. L’ambassadeur de Djibouti à Mogadiscio, Aden Hassan Aden, dit « Belelo », interrogé par VOA en somali à la suite de la publication du communiqué, confirme cette analyse. Il estimait sur les ondes de cette radio de référence et très écoutée dans les communautés somalies de la région, « que la population somalienne aurait du mal à comprendre cette attitude de défiance à l’égard d’un pays frère » [1].
Cette attitude inamicale de Mohamed Abdillahi « Farmaajo » à l’égard de Djibouti risque de provoquer des remous à Mogadiscio.
Le bouleversement des alliances de la diplomatie somalienne ne devrait pas trop surprendre, Aden Omar Abdillahi, directeur de l’Institut d’études politiques et stratégiques (IEPS). Ce chercheur, dans une analyse publiée dans nos colonnes, expliquait les raisons pour lesquelles la diplomatie djiboutienne devait s’attendre à des surprises du président élu Farmaajo. « Farmaajo n’est pas pro-djiboutien. […] De tous les gouvernements somaliens qui se sont succédés depuis 1991, rarement l’influence stratégique de Djibouti s’est trouvé aussi menacée que par la nouvelle politique qu’envisage de mettre en œuvre Farmaajo. Rappelons-le, Djibouti s’est construit et consolidé en tirant un avantage stratégique de la situation somalienne. Par conséquent, sa position est telle que le moindre changement dans celle de la Somalie l’impacte d’une façon ou d’une autre. Une dépendance stratégique non entièrement maîtrisée par Djibouti et qui au gré des circonstances et d’événements fortuits s’est accrue les deux dernières décennies avec l’explosion des phénomènes du terrorisme et de la piraterie en Somalie.
Si toutefois Farmaajo persistait à appliquer son programme, compte tenu de ses idées et antécédents, Djibouti encourerait trois séries de risques échelonnés dans le temps. A court terme, Djibouti pourrait perdre son influence sur le gouvernement fédéral. Depuis la chute de Mohamed Siyaad Barre en janvier 1991, trois des six présidents qu’a connu la Somalie ont été élus à Djibouti suite à des conférences de paix et processus électoraux que le pays a abrités : la conférence de Djibouti de juillet 1991 qui a débouché sur l’élection d’Ali Mahdi Mohamed, celle d’Arta de 2000 avec l’élection d’Abdiqasim Salad Hassan et les élections de 2009 desquelles est sorti victorieux Sheikh Sharif Sheikh Hassan [2]. De ces trois événements, la conférence d’Arta – réussie en partie grâce à la détermination du gouvernement djiboutien [3] - occupe une importance charnière puisqu’elle a permis de remettre la crise somalienne à l’agenda de la communauté internationale frileuse quant au cas somalien suite à l’échec de l’opération Restore Hope en 1993. Depuis la conférence d’Arta, les Somaliens accordent beaucoup de crédit et de confiance au gouvernement et au peuple djiboutiens qui se sont défaits à leurs yeux d’une image de petitesse et d’insignifiance. Le président Farmaajo semble indifférent à cette considération particulière des Somaliens à l’égard de Djibouti [4] contrairement à une Ethiopie et un Kenya perçus par ses compatriotes moins soucieux de leur situation. Malgré l’épisode Abdullahi Youssouf, 2004-2008, et l’engagement militaire des puissances régionales en Somalie, l’influence de Djibouti sur le gouvernement somalien est restée assez forte. Farmaajo pourrait reprocher à Djibouti sa proximité, voire sa complicité, avec le gouvernement éthiopien [5] et l’iririsation [6] de la politique djiboutienne en Somalie, un parti pris clanique. […]
Dans un sens Farmaajo a raison de se méfier de la complicité de l’axe Djibouti-Addis Abeba, un bloc qu’il soupçonne de conduire une seule et même politique dans la région et dont les vues communes entre les deux gouvernements se multiplient : face à l’Érythrée, la stabilité régionale, l’intégration économique régionale ou face aux mouvements d’opposition. Mais cette communauté d’intérêts s’arrête-elle ici ? L’affaiblissement et la balkanisation de la Somalie ne déplairaient nullement à l’Éthiopie, et le retour d’un État somalien fonctionnel et souverain constituerait en soi un risque. Et à Djibouti, les gains et retombées tirés de la situation actuelle sont très importants et personne n’a envisagé les adaptations nécessaires en cas de changement positif de la donne en Somalie » [7].
Questionné dans nos colonnes sur l’action de la diplomatie djiboutienne, et plus particulièrement de celle du président Ismaïl Omar Guelleh en faveur de la paix en Somalie, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, confirme la forte implication des plus hautes autorités politiques djiboutienne pour aider à dénouer les noeuds de la pelote de laine somalienne : « Pour vous dire vrai, avant ma nomination je ne connaissais pas bien la république de Djibouti, mais au moment des négociations des Accords de Djibouti, j’ai eu l’occasion de constater l’expertise extraordinaire de la diplomatie djiboutienne sur la question somalienne, à commencer par celle du président Ismaïl Omar Guelleh : c’est un fin connaisseur de la politique, de l’histoire, de l’économie et de la culture somalienne. Je voudrais souligner l’appui sans parti pris, le plus sincère et le plus désintéressé pour la paix et la stabilité en Somalie, du chef de l’État et de ses principaux collaborateurs, dont, tout particulièrement de son ministre des Affaires étrangères ».
Cette visite orchestrée à Asmara l’avant-veille de l’examen des sanctions au niveau du Conseil de sécurité avait pour objectif délibéré de coiffer au poteau les initiatives de la diplomatie djiboutienne pour contrer l’offensive américano-éthiopienne visant la réhabilitation et la sortie de l’isolement de l’Érythrée. En vain, puisque Djibouti est, malgré ce soutien de dernière minute, parvenu à convaincre, avec l’appui déterminant de la République populaire de Chine, les membres du Conseil, que la mesure était « prématurée » et que celles-ci devaient être encore maintenues provisoirement.
« Le représentant érythréen a été clair aujourd’hui au Conseil de sécurité. Après avoir décrit une situation de “proportion historique” avec la mesure “audacieuse” que son pays a prise avec l’Éthiopie et attiré l’attention sur la Déclaration conjointe signée avec la Somalie, le représentant a dit : “tout le monde sait que le souci de la paix et de la sécurité internationales ne peut justifier les sanctions”, à savoir l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.
La mesure la plus appropriée serait de les lever et, ce faisant, d’exprimer sans équivoque l’appui à l’évolution positive de la situation, a insisté le représentant qui a jugé tout à fait “inacceptable” que quelques membres du Conseil continuent de poser des conditions préalables et de changer les critères pour des raisons “étrangères” à la paix internationale. Le rapprochement “historique” entre Addis-Abeba et Asmara ne peut qu’avoir un impact sur le régime de sanctions, a aussi estimé le représentant de l’Éthiopie.
Mais, a contré celui de Djibouti, l’Érythrée occupe toujours le territoire djiboutien, les prisonniers de guerre sont toujours portés disparus, la menace de recourir à la force, toujours proférée et les risques de confrontation violente, toujours élevés. L’Érythrée, a-t-il affirmé, continue de recruter, de former et d’équiper les rebelles djiboutiens dans le camp d’entrainement d’Anda’ali à partir duquel des raids violents ont été menés contre des villages et les forces de sécurité djiboutiennes. Le Conseil de sécurité doit maintenir ses sanctions contre l’Érythrée, a martelé le représentant qui a dessiné la voie à suivre et fixé un calendrier “raisonnable”, maintenant que le secrétaire général de l’ONU est en train de lancer des consultations.
Il a d’ailleurs appelé ce dernier à convoquer une réunion d’urgence des principales parties afin de faciliter un accord sur des moyens “mutuellement acceptables” de résoudre le différend. Le secrétaire général pourrait ainsi faire des recommandations dans les cent vingt jours, demander l’accord de l’Érythrée et de Djibouti et, au cas où l’un des deux refuserait, renvoyer le différend à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour “un jugement final et contraignant” » [8].
Djibouti voit probablement dans cette tentative de manipulation du Conseil de sécurité les agissements concertés, d’Abiy Ahmed, qui a décidé sur la question érythréenne de faire cavalier seul au point de se considérer comme le ministre des affaires étrangères de ce pays, ainsi que la main du nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Somalie, Donald Yamamoto, récemment encore sous-secrétaire d’État adjoint américain aux affaires africaines et, à ce titre, grand artisan du rapprochement entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Dans le cadre de la mise en oeuvre de cet pax americana, Yamamoto s’était rendu à Asmara du 22 au 24 avril pour rencontrer Isaias Afeworki. Dans la foulée, le 25 avril, il rencontrait le président Ismaïl Omar Guelleh à Djibouti, puis le ministre éthiopien des affaires étrangères, Workneh Gebeyehu, à Addis Abeba le vendredi 27 avril.
Une guerre d’influence bat son plein dans la région, où les Américains jouent un rôle actif pour chercher à orienter les recompositions des alliances en fonction de leurs intérêts stratégiques. Ce qui rend d’autant plus rageant, pour les autorités djiboutienne, l’alignement sans nuances du président somalien sur celle de l’Oncle Sam… L’administration Trump paraît vouloir rendre la monnaie de sa pièce à Ismaïl Omar Guelleh, à qui elle reproche sa trop grande proximité avec la République populaire de Chine et d’avoir eu le « toupet » d’autoriser l’ouverture d’une base militaire chinoise à moins de onze kilomètres de la base américaine du camp Lemonnier !
Dans un contexte régional tendu où la Corne, est au cœur d’une zone cyclonique de heurts entre puissances nucléaires, on ne peut-être que circonspect par la stratégie de la diplomatie djiboutienne pour se rapprocher de ses alliés régionaux, au moment où, pourtant, le besoin se fait le plus sentir…
Mahdi A.
[1] « Entretien avec l’ambassadeur de Djibouti à Mogadiscio, Aden Hassan Aden, dit « Belelo », VOA, 1 août 2018.
[2] Les deux dernières élections présidentielles – en 2012 avec la victoire d’Hassan Sheikh Mohamud et en 2016 celle de Mohamed Abdullahi Mohamed Farmaajo - se sont tenues à Mogadiscio tandis que celle de 2004 s’est déroulée au Kenya avec l’arrivée au pouvoir d’Abdullahi Youssouf.
[3] Roland Marchal, « Mogadiscio dans la guerre civile : rêves d’Etat », Les études du CERI, n°69, 2000, p. 29.
[4] Accueil et longs applaudissements réservés au président djiboutien – comparé au président kenyan ou au premier Ministre éthiopien - lors de la cérémonie d’investiture de Farmaajo à Mogadiscio.
[5] Un fort sentiment anti-éthiopien, perceptible dans les discours et commentaires médiatiques, traverse les Somaliens ces dernières années. L’anti-éthiopianisme des Somaliens n’est pas nouveau mais il semble revenir en force dans le contexte des élections présidentielles de 2017 où le discours politique s’est clivé autour des questions identitaires et nationalistes.
[6] Pour simplifier, les Darood reprochent à Djibouti de favoriser leurs rivaux Hawiye pour le contrôle du pouvoir politique en Somalie du fait de l’apparentement Irir (grande famille clanique au sein des Somali) des Hawiye et des Issa au pouvoir à Djibouti. Simple coïncidence ou fruit d’une politique mûrie : l’ensemble des processus de réconciliation ou électoraux qui se sont tenus à Djibouti ont débouché sur l’élection d’un Hawiye.
[7] « Aden Omar Abdillahi, Djibouti et la Corne face à la Somalie de Farmaajo », Human Village, décembre 2017.
[8] « Le Conseil de sécurité : malgré un vent favorable sur la Corne de l’Afrique, la levée des sanctions en Somalie jugée prématurée », UN Press, 30 juillet 2018.