Human Village - information autrement
 
Un nécessaire aggiornamento portuaire
par Mahdi A., septembre 2024 (Human Village 52).
 

Une nécessaire clarification, c’est la lecture que l’on peut faire du passage de l’entretien du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, avec un pool de journalistes sur la question du port de Tadjourah, diffusé sur les ondes de la RTD lundi 9 septembre.
Ses propos du vendredi 30 août sur les ondes de la BBC concernant le port de Tadjourah, afin d’apaiser les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie, avaient fait réagir les internautes sur les réseaux sociaux. D’où sa nécessaire prise de parole sur les ondes nationales afin d’exposer sa ligne directrice pour soutenir le renforcement du secteur portuaire, tout en rassurant ces concitoyens sur le fait que cet accord commercial d’association portuaire envisagé avec l’Éthiopie ne remettrait pas en cause la propriété de l’infrastructure de Tadjourah.

« Le port de Tadjourah, comme celui du Goubet font partie du patrimoine national. Ils ne seront cédés à qui que ce soit. Il faut que cela soit bien clair dans l’esprit des uns et des autres […]. Maintenant quelle est notre stratégie nationale ? Quel est notre vision pour continuer à faire fonctionner ces infrastructures ? Lorsque nous avons investi dans ces nombreux ports ce n’est pas pour les regarder pourrir au soleil. C’est pour les faire travailler, les faire fonctionner n’est-ce pas ? Aujourd’hui le port de Tadjourah ne reçoit qu’un navire tous les deux mois. Nous avons consenti un investissement de plus 60 millions pour construire ce port. Nous avons investi plus de 140 millions de dollars pour le corridor jusqu’à Balho. [Pourtant] les salaires des employés du port de Tadjourah sont payés par le Doraleh Mutipurpose Port (DMP). Est-ce que vous trouvez cela normal ?
Nous avons un gouvernement qui réfléchit, un président qui donne les instructions et les orientations. Ce port doit pouvoir être rentable. Il faut que les populations des régions du Nord puisse trouver de l’emploi, faire du commerce, créer des entreprises. Comment stimule-t-on cet environnement ? L’impulsion est donnée par les activités portuaires.
Ce que nous avons proposé à nos partenaires éthiopiens, ce n’est pas de leur vendre l’infrastructure de Tadjourah. Il n’a jamais été question de céder ou de concéder ou de vendre le port. Et l’exemple vivant que de ce que nous pourrions réaliser est le chemin de fer. C’est une société binationale ! Nous proposons une gestion commune !
Qu’est-ce que Djibouti va gagner ? On veut garder le trafic. On veut garder le trafic, car demain Assab va ouvrir et une partie du trafic ira là-bas. Il faut que l’on se dise la vérité. Nous, on veut garder le trafic. Peut-être qu’une autre partie du trafic va aller au Somaliland. Nous, on veut garder le trafic éthiopien. Comment garder le trafic éthiopien ? Pour ce faire il faudra créer de nouvelles formes de collaboration, innover en se montrant ingénieux, en créant des partenariats qui nous permettent de satisfaire la demande éthiopienne, en termes de délais, de coûts de transport.
Parce que l’Éthiopie est composée de 11 régions, le transport coûte cher, le produit acheté sur le marché éthiopien, inclus le coût du transport. Trois régions de l’Éthiopie sont plus proches de Tadjourah que n’importe qu’elle autre de ses frontières. Ce sont les régions du Tigray, de l’Amhara et Afar. Il reste huit régions qui seront desservies par les autres ports.
Et il n’y a pas que cela, il y a une autorité nationale des Ports et des Zones franches, qui planifient ces activités, ce que doit faire tel port, comment les activités doivent être planifiées, exécutées. Déjà, le port de Tadjourah travaille pour l’Éthiopie, même si les quantités ne sont pas importantes, comme le ciment, le fer à béton, le gaz liquéfié, ou encore le charbon sont déchargés au port de Tadjourah, puis exportés via le corridor Balho. Il y a une volonté de faire travailler nos ports et de faire en sorte qu’il y ait une sorte d’harmonie dans les activités commerciales, de logistiques et de transports pour que toutes les infrastructures qui sont le patrimoine national de Djibouti puisse travailler. Parce que si ces ports ne se remboursent pas par eux-mêmes qui va payer : nos enfants, nos petits-enfants, ou nos arrières petits-enfants. Il faut que ces ports travaillent pour qu’ils puissent se rembourser, créer de l’emploi et de la richesse pour nos populations dans le Nord comme dans le Sud. Ça c’est une première réponse.
Que gagne l’Éthiopie en cogérant un port avec nous dans le Nord ?
Je l’ai dit tantôt : l’Éthiopie réduit le coût du transport de ces produits. L’Éthiopie fluidifie l’exportation et ses importations, au lieu d’avoir des congestions dans certains ports. Il y aura un choix stratégique pour les dessertes, les graines et les fertilisants passent par Djibouti, d’autres produits pourraient passer par le Nord. Lorsque je dis Djibouti-ville, il y a deux corridors, ou plutôt trois corridors bientôt, c’est-à-dire celui de Galileh, celui de Galafi, et le train aussi passant par Dire Dawa.
Il y a aussi l’idée d’exporter le pétrole raffiné par la voie ferroviaire, nous sommes en train de développer le port de Damerjog, pour justement donner une alternative aux éthiopiens qui se trouvent un petit peu en manque d’espace de stockage à Horizon. Les éthiopiens veulent disposer d’autres espaces de stockage, nous sommes en train de développer le port de Damerjog, qui comprendra un tronçon rail pour pouvoir transporter le kérosène par wagon train. C’est une stratégie que nous avons mis en place pour le long terme. Notre pays doit pouvoir garder cette avance que nous avons par rapport aux autres ports de la région.
C’est une compétition, et si l’on ne s’adapte pas à cette compétition, demain on va perdre une grande partie du trafic. Il faut que l’on se dise la vérité. Ce service que nous proposons à l’Éthiopie, c’est un service que nous nous rendons à nous-mêmes. C’est comme cela qu’il faut le comprendre. Rester compétitif, offrir des alternatifs, garder son avance par rapport aux autres ports de la région, pouvoir créer des richesses et des emplois et des opportunités d’entreprises à nos jeunes et à nos populations, et faire en sorte surtout que nous gardions cette vision de plateforme régionale de Djibouti comme hub logistique, hub numérique, hub financier, et c’est l’ambition du président de la République et son gouvernement travaille à ça. Toutes les désinformations qui tournent autour de Djibouti en train de brader, de vendre sont des fake news. Ce que nous disons à notre opinion publique et par ma voix, c’est que nous travaillons pour que l’économie de Djibouti, le peuple djiboutien puisse en être le principal bénéficiaire. Nous ne travaillons pas pour les autres, nous travaillons pour nous-même. C’est ça que les Djiboutiennes et Djiboutiens doivent comprendre ».

Pour Mahmoud Ali Youssouf, il n’est question que de construire une interpénétration économique plus renforcée avec ce partenaire traditionnel et important de notre pays. Il demande que l’offre de service à l’Éthiopie soit examinée sous le seul prisme de la concurrence régionale à venir, raison pour laquelle il plaide avec force pour davantage de coopération avec notre principal partenaire commercial, favorisant ainsi de meilleures connectivités, un énorme potentiel de captation durable du trafic marchandises, et in fine des bénéfices en termes d’investissements, d’économie d’échelle et d’innovation logistique, que ne manquera pas de produire cette nouvelle approche.
Mahmoud Ali Youssouf – qui sort de ses sentiers traditionnels - identifie des problèmes de desserte insuffisante pour permettre aux ports du Nord d’atteindre la taille critique de rentabilité, de déséquilibres persistants dans la répartition harmonieuse du fret entre les ports nationaux, ce qui l’amène à suggérer une harmonisation de ceux-ci, ce qui par la même occasion faciliterait la fluidité des services portuaires proposés par notre pays. Il prône une entente commerciale pour le port de Tadjourah sur la base du modèle qui a fait ses preuves, la compagnie ferroviaire binationale. Sans quoi, insiste-t-il, il sera difficile de se désendetter et de rentabiliser les investissements engagés au Nord du pays.

Le gouvernement est engagé dans une réflexion prospective pour faire évoluer la relation commerciale avec notre grand voisin, avec au cœur de ce plaidoyer de Mahmoud Ali Youssouf, le primordial élargissement du nœud logistique et donc une meilleure distribution des dessertes afin de mieux répondre aux besoins logistiques de l’Éthiopie. « Gagnant-gagnant » aurait voulu probablement ponctuer notre ministre du ciel, de la terre et des mers.

Mahdi A.

A necessary port aggiornamento
 
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