Militaire et administrateur colonial français (Nancy, 04.02.1861-Goré, Ethiopie, 1897).
Élève boursier, il entre à l’École polytechnique en 1880 (61e sur 209), il en sort dans l’artillerie de marine (203e sur 209). Sous-lieutenant en 1882. Démissionne puis est réintégré dans l’armée en 1885. Après un séjour d’un an à Lorient, il est mis à la disposition du sous-secrétaire d’État aux Colonies sur la proposition du général Bornis-Desbordes et effectue cette période de sept ans (1885-1892) à Obock comme agent des affaires indigènes et commandant d’armes, terme vague regroupant plusieurs activités notamment les missions de confiance que le gouverneur lui donne. Il est souvent appelé à remplacer Léonce Lagarde, avec le titre de « gouverneur par intérim de la colonie d’Obock » lors des congés en métropole de ce dernier et plus particulièrement à l’été 1890. En 1892, il rentre en France en convalescence pour une anémie tropicale. Il participe au règlement de l’affaire de Sagallo avec le russe Atchinoff en 1889. Il est nommé capitaine la même année. Il est contraint de quitter l’armée suite à sa situation financière en 1894 (démissionnaire par décret du 08.02.1894) et entre aux Colonies. Il n’a jamais su se faire à l’ambiance militaire et les rapports sur sa mauvaise tenue (cinq punitions), sa conduite médiocre et le mauvais entretien de son matériel (batteries) en disent long sur ses motivations. Ses supérieurs le trouvent « intelligent mais dévoyé ». Bon cavalier, parle allemand et anglais. Après sa démission, il se retire chez son tuteur, M. Muller-Lachay, négociant à Nancy où il retrouve son frère et sa soeur. Clochette n’a pratiquement pas connu ses parents qui se sont suicidés (1877) lors de son adolescence pour des raisons également financières. Après cette année à Nancy, il retourne à Obock et part immédiatement pour l’Abyssinie : « Là il fut appelé par l’empereur Ménélik à participer à l’organisation de l’armée ; son rôle paraît avoir été des plus important dans cette circonstance ». Envoyé en mission par Lagarde au printemps 1895 sur les hauts plateaux, à la place d’Alexandre Mizon choisi par le gouvernement français, pour faire des relevés et prendre des informations sur le Nil, il attira sur lui la suspicion des Éthiopiens et fut assigné à résidence à Addis-Abäba, « sans ressources aucunes » selon Charles Michel. Mais il sut faire oublier cette escapade malencontreuse car la légende court qu’il fut le chef de l’artillerie de l’empereur à Adoua. Wylde précise que ce serait Clochette qui aurait enseigné l’usage des canons Hochkiss aux Éthiopiens, qui ont fait merveilles lors des batailles de Mäqälé et d’Adoua. Clochette selon Déhérain, était en relation très étroite avec Alfred Ilg, un ingénieur suisse et homme de confiance de Ménélik. Lagarde lui confie en 1897, une dernière mission qui avait pour but d’atteindre le Nil le plus rapidement possible afin d’aider Marchand à Fachoda. Il échoue et meurt à Goré des suites d’un coup de sabot donné par un cheval. Sa mission se refondra avec la mission Bonvalot. Une rue porte son nom à Djibouti.
Lukian Prijac
Décorations :
Chevalier de l’ordre du Cambodge, 09.10.1890
Officier du Nicham el Anouar (ordre créé par le sultan de Tadjoura), 09.10.1890
Lagarde lui demande la LH en 1892
Sources :
Service Historique de l’Armée de Terre, dossier Clochette
« Le Capitaine Clochette », L’Illustration, n° 2854
Bardey, Alfred, Notice sur l’empire d’Éthiopie, Société de géographie commerciale de Paris, 1897 : 80-83
Michel, Charles, Vers Fachoda, Paris, 1901
Michel, Marc, La mission Marchand, Paris, 1972
Wylde, Augustus, The Modern Abyssinia, London, 1901