Les élections locales, annoncées par la presse nationale comme les plus ennuyeuses de l’histoire du pays, ont été largement remportées par l’UMP.
Victoire éclatante de toutes les listes présentées sous la bannière de l’UMP : elles ont réalisé le « grand chelem » !
Grande surprise : la participation est élevée avec 53% de votants. La Nation et Human Village pariaient pourtant sur une bérézina de la participation. Inutile de chercher à qui ce surcroît de mobilisation a profité : l’UMP avec plus de 90% des suffrages. Notons un record de plus de 93% de participation à Tadjourah, et 95,41% des suffrages exprimés en faveur de la liste de la majorité gouvernementale. Les deux régions réputées frondeuses ne sont pas en reste : Ali Sabieh et Obock affichent de très honorables taux de participation, respectivement 75,25% et 87,28% alors que les enjeux étaient pourtant très faibles, seule l’UMP concourait !
C’est dans la capitale que le désintérêt des électeurs a été le plus flagrant. La commune la plus aisée, Ras Dika, qui est également celle où le chef de l’État se rend pour voter, s’est distinguée comme à son habitude par le plus faible taux national de participation : 34,95%... A peine 40% des électeurs sont allés voter ce vendredi à Djibouti ville, mais ceux qui se sont exprimés ont voté à plus de 88% pour les listes UMP. Cette moyenne éclipse cependant d’importantes disparités entre les bureaux de vote avec des résultats parfois étonnants, comme ceux des écoles Al-Houriya 1-8 et Quartier 7bis 1-10 de Boulaos :
Inscrits | Votants | UMP | UDJ | |
---|---|---|---|---|
Al-Houriya 1-8 | 455 | 455 | 427 | 6 |
Quartier 7bis 1-10 | 499 | 413 | 395 | 9 |
Rappel : l’opposition boycotte les élections
Sans surprise, le parti au pouvoir a remporté une victoire écrasante aux élections régionales et communales. De véritables records de participation ont été atteints pour ce scrutin sans aucun enjeu du fait du boycott par les partis de l’opposition.
Dans un communiqué en date du 19 janvier 2017, relatif aux élections régionales et communales, Abdourahman Mohamed Guelleh, coordinateur-délégué de l’Alliance des mouvements pour l’alternance et la nation (AMAN, qui regroupe l’ARD, le RADDE et le CDU), remet en cause l’engagement des autorités djiboutiennes à mener une véritable politique de transferts de compétences aux collectivités territoriales, dénonçant ce qu’il considère comme une « violation de l’accord de paix (…) signé en 2001 avec le FRUD-armé d’Ahmed Dini Ahmed ». Il ajoute que « depuis 2002, cela fait quinze années que le régime de Djibouti se targue d’une politique de décentralisation. Les assemblées régionales et communales issues des élections de 2006 et 2012 ont démontré que celles-ci n’ont ni le pouvoir politique ni les moyens adéquats en vue de bien mener leur programme de développement régional ou communal » [1].
Contestation
La tête de liste indépendante ICP (Initiative citoyenne pour la promotion de Ras Dika), Mourwan Mohamed Robleh [2], a vivement contesté les résultats du vote. Il a évoqué sur les réseaux sociaux des bourrages d’urnes, avec notamment « des électeurs conduits en bus d’un bureau de vote à l’autre » pour glisser un bulletin vert dans l’urne. Il lance un appel « au secours » au chef de l’Etat afin de rétablir, selon lui, « la vérité des urnes ». Et, comme il est très utile d’avoir la foi pour surmonter les grandes déceptions, il indique que le cas échéant, il s’en remettrait au jugement de Dieu.
Mahdi A.
[1] Voir en ligne le communiqué de l’AMAN.