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En aparté… Omar Elmi Khaireh
par Mahdi A., mars 2016 (Human Village 26).
 

Omar Elmi Khaireh est le deuxième candidat que nous rencontrons dans le cadre de ces entretiens avec les candidats à la présidentielle. Né en 1947, il s’engage rapidement en politique. Il est l’un des membres historiques du Front de libération de la Côte des Somalis (FLCS). Il a été condamné pour avoir participé à un attentat contre le Palmier en zinc en janvier 1970. Comme Omar Osman Rabeh, il est échangé en 1975 contre l’ambassadeur de France en Somalie. Engagé dans les combats du FRUD dans les années 1990, il fonde en 2012 le Centre des démocrates unifiés (CDU), dont il prend la direction.

Pourquoi y a t-il deux candidats de l’Union pour le salut national (USN) ? Ne pensez-vous pas qu’en vous présentant en ordre dispersé à l’élection vous divisez vos forces ? Le Mouvement pour le renouveau et la démocratie (MRD) propose le boycott des élections. Il y a quelques jours de cela encore, le député Zakaria Abdillahi apparenté au MRD indiquait par voie de presse que les cinq candidats opposés à IOG sont des faire-valoirs ? C’est à n’y rien comprendre, y a-t-il encore du sens à parler d’une coalition USN lorsque l’on voit à quel point votre groupe est divisé ?
Omar Elmi Khaireh : Le plus simple c’est que je vous raconte comment les choses se sont passées ainsi vous connaîtrez la réalité. On mettra donc au second plan l’interprétation car ce qui vous intéresse ce sont les faits ! L’USN est une coalition composée de huit partis, constituée le 16 janvier 2013, juste à la veille des élections législatives. Ces partis venaient d’horizons différents. Il y a des partis qui venaient de l’Union pour l’alternance démocratique, (UAD) un groupe constitué de deux partis, celui de Mohamed Daoud Chehem, le Parti djiboutien pour le développement (PDD) et celui de Aden Robleh Awaleh, le Parti national djiboutien (PND). Il y avait aussi dans le paysage politique national l’Allance républicaine pour le développement (ARD), ou bien l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ) avec à sa tête feu Ismaïl Guedi Hared ou bien encore le Mouvement pour la démocratie et la liberté (MODEL). Le Model a été à la manœuvre afin d’unir toute l’opposition au sein d’une seule bannière, avec comme credo : ne faut-il pas que l’on arrête le boycott. Il faut tout de même noter que juste avant la mise sur pied de l’USN, une petite coalition de trois partis existait, l’Union sacrée pour le changement (USC). Elle regroupait l’ARD, de Ahmed Youssouf Houmed, le PDD de Mohamed Daoud Chehem et le PND de feu Aden Robleh Awaleh. Il y avait aussi l’autre groupement de partis, l’UDJ de feu Ismail Gueddi Hared et le Mouvement du renouveau démocratique (MRD) de Daher Ahmed Farah (DAF), dont les deux présidents étaient très en contact même si DAF ne résidait pas sur le territoire à l’époque. Le Rassemblement pour l’action de développement et la démocratie (RADD) avec à sa tête Abdourahman Mohamed Guelleh dit TX, nous a rejoints un mois après les élections législatives de février 2016.

Le Model a donc joué les facilitateurs afin de réconcilier tout le monde, avec comme objectif final de nous présenter aux élections législatives de 2013 : c’est ainsi que les décisions de mettre fin au boycott et de se présenter aux élections ont été prises. L’union pour le salut national (USN) a vu le jour le 16 janvier 2013 avec pour mission de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions du pays à l’occasion des élections du 22 février 2013. Voilà un peu la trame par laquelle a été constituée l’USN. Aussi, lorsque Mohamed Daoud Chehem dit qu’il est à l’origine de l’USN car il estime que l’USN découlerait de l’USC, il ment ! Son parti était membre au même titre que les autres de l’USN. Maintenant, le Model, tout en étant à l’origine de la mise sur pied de cette coalition et l’un de ses membres fondateurs, était dans une procédure d’enregistrement au niveau du ministère de l’Intérieur. Tout en faisant partie de la coalition ses membres dirigeants menaient des démarches pour être régularisés. Plus tard cette reconnaissance n’est pas venue… et bon, vous connaissez le prétexte du gouvernement, je ne vais pas m’étendre sur le sujet.
C’est la raison pour laquelle j’estime que personne ne peut exclure les autres et se revendiquer de la légitimité originelle, comme le fait Mohamed Daoud Chehem. L’USN s’est dotée d’une plateforme politique, c’est bien d’être ensemble pour une élection ; encore faut-il faire une proposition politique à la population. D’où la création du haut conseil de l’USN. C’est bien de vouloir réaliser des objectifs politiques à travers une plateforme, encore faut-il réglementer la façon dont nous allons travailler ensemble. D’où la naissance de la charte. C’est une sorte de règlement intérieur.

A ce propos de la charte, Mohamed Daoud Chehem que nous avons rencontré en entretien ce matin, nous a expliqué qu’il a quitté la primaire organisé au sein de l’USN pour désigner son candidat unique du fait du non respect des termes de la charte par les autres membres…
Dans cette charte il est précisé très clairement que le haut conseil de l’USN « désigne le candidat à l’élection ». La procédure a été suivie à la lettre.

Qui compose le haut conseil ?
Les huit partis membres de l’USN, ainsi que certaines personnalités admises pour leur expérience, comme Me Djama Amareh Meidel, en qualité de conseil juriste, ou bien le Dr Abatte Ebo Adou, en charge du suivi et de l’évaluation des projets... Une quinzaine de membres le composent. C’est au sein de cette instance que nous avons discuté quand à savoir s’il était opportun de présenter un candidat à l’élection présidentielle, même si toutes les conditions n’étaient pas réunies, ou si nous options pour le boycott. De nombreuses réunions se sont tenues sur cette question de la candidature. Les avis étaient très partagés, il faut le reconnaître. Dès que nous avons tranché et qu’une large majorité s’est détachée en décidant finalement de concourir à cette élection présidentielle, Daher Ahmed Farah, a indiqué que le MRD se retirait de l’USN. Il était totalement opposé à cette participation, il considérait que nous participions à légitimer des élections dont les résultats étaient truqués d’avance. Le MRD militait au sein de l’USN pour l’adoption d’une mention de boycott des présidentielles de la part de l’opposition unifiée. En se retirant de l’USN, il indiquait qu’il refusait de se plier au vote de la majorité.
Avec les sept autres partis, alors nous avons décidé de continuer à avancer dans notre projet de candidature sans le MRD. C’est à ce moment précis que Mohamed Daoud Chehem prend la parole lors de l’une de ces réunions et nous dit son intention de se présenter, et ce quel que soit le résultat de la primaire qui était très sérieusement envisagée au sein de notre haute instance puisqu’il ne semblait pas que l’on parvienne à un consensus pour départager les trois candidats en lice : Mohamed Daoud Chehem (PDD), M. Adam Mohamed Abou, vice-président de l’ARD, et enfin moi même pour le compte du parti dont je suis le président, l’UDC.
Pour nous c’est un coup de tonnerre cette annonce de Mohamed Daoud Chehem, puisque nous dit-il, quoi qu’il advienne, il déposera sa candidature le 28 février au Conseil constitutionnel pour se porter candidat à la présidentielle. Nous avons essayé de le convaincre que ce n’était pas la bonne démarche à entreprendre. Que nous ne pouvions pas nous y rendre en ordre dispersé. Nous lui avons dit que statutairement il était en infraction par rapport à ses engagements. Mais il n’a rien voulu entendre et il est parti comme cela, en claquant la porte. Il faut bien comprendre que toute la littérature qu’il a développée par la suite ne vise qu’à justifier le fait qu’il fasse cavalier seul et à renier les principes ainsi que les engagements qu’il avait pris en intégrant la coalition. Nous n’avions pas d’autre choix, nous avons pris acte de son retrait de l’USN. Nous lui avons juste demandé de restituer les fonds dont il était le dépositaire, en sa qualité de trésorier de l’USN. Il n’a pas émis d’objection, il nous a juste demandés de lui accorder quinze jours pour réunir ladite somme. Vous comprendrez que de peur que nos moyens financiers soient saisis par l’État s’ils étaient déposés à la banque, nous les cachions chez l’un d’entre nous. Il faut dire que depuis que nous avions exigé la restitution de nos fonds, c’est silence radio de la part de Mohamed Daoud Chehem. Il se refuse à nous restituer nos fonds… J’estime que ce n’est pas très correct, pas très honnête, et sur le plan de la moralité on peut s’interroger sur le personnage surtout lorsque cet individu veut concourir à la plus haute fonction de l’État !
Donc, à cette primaire il ne restait plus que deux candidats en lice, M. Adam Mohamed Abou, vice-président de l’ARD et moi même. La primaire a donc eu lieu, des arguments pour l’un, des arguments pour l’autre… La charte dit clairement que « le choix du candidat à la présidentielle se fait soit par consensus, ou soit par élection. » Devant l’impossible d’obtenir un consensus nous avons organisé un vote. Vote que j’ai gagné !
A ce moment là, il faut savoir que le MRD et le PDD, ne font plus partie de l’USN. L’ARD, dont le candidat a été battu à la primaire décide également de se mettre en retrait de l’USN, le temps de réunir ses instances et de réfléchir aux actions qu’ils vont entreprendre. Il faut comprendre que le président de l’USN, Ahmed Youssouf Houmed, est également le président de l’ARD. Et, que ce dernier n’a pas soutenu la candidature du candidat du parti dont il est issu et m’a apporté sa voix. C’est Ahmed Youssouf Houmed en sa qualité de président de l’USN, qui a proclamé les résultats. Ces résultats a mon plus grand regret, n’ont pas été reconnus par le candidat malheureux, Adam Mohamed Abou. Le principe même de la primaire aurait voulu qu’à la suite des résultats, qu’il se range derrière le candidat élu, mais malheureusement, son parti et lui en ont décidé autrement !
Je voudrais revenir un court instant sur Mohamed Daoud Chehem. Je ne sais pas si vous avez été informé mais ce dernier a déposé une plainte à notre encontre au Conseil constitutionnel afin d’expliquer qu’il est le représentant légitime de l’USN et que personne en dehors de lui ne peut légitimement se revendiquer de l’USN pour concourir à la présidentielle. Sa requête a été rejetée et, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, nous sommes tous deux candidats à se revendiquer de l’USN…

N’avez-vous pas l’impression qu’avec ces situations incompréhensibles, vous décrédibilisez toute l’opposition en portant vous même un rude coup à votre image à la veille d’une échéance aussi importante ?
L’essentiel n’est pas de savoir qui est autour de tel ou tel candidat, ou de quel sigle on prétend être investi mais plutôt de quel programme on est porteur. Et, sur ce dernier point je n’ai pas d’inquiétude. Quand au vote, c’est au peuple de décider, c’est lui qui jugera, fera son choix en son âme et conscience ! Ce ne sont pas les états-majors des partis politiques qui feront l’élection, mais le peuple. Laissant le peuple juger de toute cette affaire !

Pourquoi êtes-vous candidat ? Que pensez-vous que vous pourriez apporter au pays si vous étiez élu à la tête de l’Etat ?
Mon élection va être le début d’une nouvelle ère ! Les Djiboutiens connaitront quelque chose qu’ils n’ont jamais connu.

C’est-à-dire ?
Ils sauront enfin ce qu’est un état de droit. Nous allons mettre sur pied une nouvelle République, la deuxième République ! Vous savez qu’en France ils en sont à la cinquième République. Pour que cette nouvelle république puisse voir le jour nous allons modifier la constitution, nous allons inverser le court du courant. Au lieu que tout converge vers la présidence, nous redorerons le blason des institutions, tout émanera d’elles dorénavant. Nous ne voulons plus d’une présidence forte. C’est notre premier engagement, c’est notre serment ! Dans cette nouvelle république chaque membre du gouvernement occupera pleinement ses compétences et ses prérogatives, sans aucune interférence quelconque. Il y aura une décentralisation effective, sur tous les plans, économiques, budgétaires, administratifs… Le commerçant se trouvant à Tadjourah par exemple, n’aura plus besoin de se rendre à la capitale pour des formalités administratives. Tous les services de l’État seront présents dans les cinq districts. Liberté d’expression, liberté de la presse, liberté d’organisation des manifestations, libéralisation des médias de masse… C’est cela notre programme ! La population, par voie reférendaire, sera consultée pour les grandes questions, nous voulons instaurer une forme de démocratie participative. Sur les questions importantes de défense, de sécurité, ou des affaires étrangères, la majorité mais également l’opposition seront consultées aussi souvent que nécessaire. Nous prenons l’engagement ici, que si nous gagnons les élections l’opposition, donc l’actuelle majorité, sera pleinement associée aux grandes décisions. Leur avis sera pris en compte. En ce qui concerne les élections, elles doivent être libres. Les instances électives doivent redevenir l’endroit où se concentre le choix populaire. Jamais l’inverse ! Par exemple le Conseil constitutionnel sera indépendant, il aura toute latitude pour confirmer ou infirmer un résultat. Il y aura une CENI indépendante, comme au Bénin. Vous rendez-vous compte en pleine campagne, cet organe béninois de supervision des élections a modifié certaines règles comme la distribution des cartes. Elle est souveraine, c’est elle qui décide. Le candidat n’est que candidat, il ne peut pas être à la fois candidat et président de la République. C’est cela la démocratie, c’est cela que nous appelons l’état de droit. Il faut qu’il y ait de véritables gardes-fous dans ce pays, comme une sorte de Sénat.

Dans un si petit pays est-ce pertinent ?
Tout à fait pertinent. Prenons l’exemple de la justice à Djibouti, où à 80% les décisions sont rendues de manière traditionnelle, sous les arbres. Les décisions prises par les sages ne sont pas reconnues par l’État, elles ne sont pas légitimées.

Il me semble que la justice reconnaît la plupart des accords à l’amiable qui ont été trouvés : la preuve c’est que les enquêtes sont abandonnées et les prévenus libérés lorsque les termes de la médiation ont été acceptés par les deux parties.
Tout à fait ! Elles ne sont pas refusées. Mais dans le cas où une personne qui avait accepté de se soumettre au « verdict de l’arbre » et puis par la suite refuse de se soumettre à la décision, rien ne l’empêche d’aller tenter sa chance devant le tribunal. Il me semble nécessaire de clarifier les choses, et de conférer force de loi aux décisions des sages traditionnels. Il faut donner un rôle à ces sages, il faut créer une interconnexion entre la tradition et la modernité. Il faut légitimer leur décision : c’est un peu cela aussi l’état de droit ! Tout ce qui nous a manqué doit pouvoir se réaliser : tout cela bien entendu, dans le respect de la sécurité et du respect des règles qui régissent la vie de la cité.

Avez-vous bénéficié d’un financement public et dans le cas contraire comment financez-vous votre campagne ?
Aucun financement public ! On va mener campagne avec les fonds qui proviennent de nos membres et de nos militants uniquement.

Quels sont les grands défis que notre pays devra nécessairement relever ces prochaines années ?
La lutte contre corruption, cela me semble essentiel comme combat ! Il faut aussi se tourner vers l’avenir et faire en sorte que ce pays cesse de vivre de la rente des bases militaires, ou du tertiaire. Nous devons revenir sur nos valeurs, nous sommes d’origine nomade, nous devons créer de l’emploi à partir de nos connaissances, et de nos acquis : je pense à l’élevage, à une forme d’agriculture possible, adaptée à notre climat sec. Il y a encore à Djibouti un grand nombre de Djiboutiens qui vivent de l’élevage. Il faut donc apporter les acquis de la science par rapport à cela. Par exemple il y a des maladies comme la brucellose qui ravage le bétail, et qui peut même sous certaines conditions être transmise à l’homme. Il faut donc lutter contre ces différentes maladies qui portent un rude coup à nos populations de l’intérieur. Le développement de la pêche artisanale est aussi une de nos priorités. Il faut que les jeunes apprennent à nager, à pêcher, à aimer la mer… L’école a un rôle essentiel à jouer, notamment en faisant mieux connaître notre environnement marin et les métiers offerts par la mer. Il faut aider à créer des vocations. Au lieu de laisser la richesse de nos fonds marins à des chalutiers étrangers qui font des ravages sur nos côtes. Enfin nous voyons dans l’énergie la clé de notre développement !

L’interconnexion électrique avec l’Éthiopie est déjà une grande réussite ne pensez-vous pas ?
Oui vous avez raison l’interconnexion fonctionne bien.Mais le problème, et il faut le dire, c’est que malgré le faible coût de cette énergie achetée à notre grand voisin, la population ne voit pas sa facture d’électricité diminuée. Aujourd’hui (mercredi 23 mars 2016, ndlr), le directeur de l’EDD, Djama Ali Guelleh, a annoncé à la télévision des baisses de tarifs de l’électricité. C’est tout de même dommage qu’il ait fallu attendre les élections présidentielles et que la campagne soit lancée pour se souvenir des poches les plus démunies de notre population qui souffrent de factures toujours trop salées.
Effectivement ce n’est pas l’interconnexion qui pose problème c’est une bonne chose qu’elle existe et sur ce point je tiens à féliciter le gouvernement pour cette initiative. Mais, ce n’est pas quelque chose dont il faut faire un acquis stratégique, c’est une énergie qui nous vient d’un pays voisin, et qui peut donc être soumis aux aléas de la politique… Notre priorité se sont les énergies renouvelables : le vent, le solaire, la géothermie… Les efforts de développement de la géothermie par le gouvernement remonte à la création de la République de Djibouti. Combien d’experts du monde entier sont venus pour le développer, il a été question du lac Assal, du Goubet, lac Abbé… Jusqu’à présent on ne sait toujours pas, après autant d’argent dépensé, pourquoi cela ne fonctionne pas alors que cette énergie est exploitée depuis de nombreuses années au Kenya ! Nous allons fouiller dans cette affaire dès que nous serons au pouvoir pour voir ce qu’il y a vraiment derrière cette histoire. Enfin je veillerai à ce que le développement soit équitable. Voilà l’ambition que je porte avec l’avènement de cette deuxième République que j’appelle de tous mes voeux.

La loi interdit les partis politiques à caractère religieux. Quel est votre avis sur cette loi : pensez-vous que religion et politique sont les deux faces d’une même pièce de monnaie ?
C’est une question à caractère polémique. Qu’est ce qu’un parti politique ? Qu’est ce que la religion ? Personnellement je pense que la religion n’a rien à voir avec la politique. La religion, c’est une question de foi, de croyance au niveau de la personne, au niveau de la communauté. Et la politique c’est la gestion de la cité. Il ne faut pas mélanger le temporel et l’intemporel.

Quel est votre sentiment, sur la stratégie de développement raccrochée à la locomotive éthiopienne et le partenariat économique avec les Chinois visant à faire de Djibouti le grand hub de la sous région ?
Djibouti est devenue le débouché naturel depuis la guerre entre l’Érythrée et l’Éthiopie en 1998, donc il n’est pas certain que cela soit quelque chose de permanent. Demain ces deux pays peuvent se réconcilier et l’Éthiopie, considèrera à nouveau le port d’Assab comme son débouché naturel vers la mer. Tant que cette situation entre ces frères reste en l’état nous avons rien à dire sur la stratégie suivie. Pour autant Djibouti ne doit pas uniquement se contenter de cette situation précaire mais doit se doter d’infrastructures qui permettent d’être une sorte de plaque tournante pour toute la région, notamment la COMESA. Concernant les Chinois, nous n’avons rien non plus contre le fait qu’un État indépendant comme le nôtre puisse avoir des relations avec toutes les nations du monde, quelles soient commerciales, militaires, économiques… Mais on est un peu abasourdi par la rapidité, la masse du rouleau compresseur économique chinois sur Djibouti ! Qu’est ce qui en est à l’origine ? L’envers de la médaille c’est l’endettement. Il ne faut pas croire que les Chinois construisent car ils ont un excédent budgétaire et qu’ils ont envie de dépenser leur argent ici à Djibouti. Non, ils veulent que cet argent soit remboursé. Il faut savoir que 80% des prêts chinois que nous avons consentis ne sont pas concessionnels. Les taux des prêts consentis sont trop élevés à notre goût. À la vitesse à laquelle les prêts s’accumulent, nous risquons d’avoir le couteau sous la gorge très rapidement. Je crois qu’il n’aurait pas fallu voir le problème à court et moyen terme… Lorsque l’on est un responsable, un décideur, on se projette sur le long terme, et non sur l’immédiateté. Comment les générations futures vont-elle gérer ce fardeau de la dette ? Honnêtement je ne sais pas comment elles vont s’en sortir avec tous ces prêts.

Est ce que la CENI, telle qu’elle est actuellement constituée, vous semble être représentative avec une certaine indépendance vis-à-vis du gouvernement ?
Non pas du tout ! Elle n’est pas indépendante !

Pensez vous qu’il y aura un deuxième tour ? Si oui, quelles seront vos orientations de vote au cas ou vous ne serez pas retenu ?
C’est le peuple qui en décidera !

Si au lendemain de la présidentielle il se trouve vous êtes celui que les Djiboutiens choisissent pour diriger ce pays, quels seront les premiers actes que vous poseriez dans les 100 premiers jours de votre mandat ?
La mise en place d’un gouvernement chargé de mettre en pratique les réformes qui vont concerner la deuxième République !

Propos recueillis par Mahdi A.

 
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