Éditorial de la rédaction de The Reporter [1].
L’accès à l’information est un pilier fondamental de la transparence et de la bonne gouvernance. En Éthiopie, les obstacles à l’accès du public à l’information sont aussi multiples que complexes. Ces difficultés limitent non seulement le droit des habitants à accéder aux informations détenues par le gouvernement, mais aussi l’engagement citoyen et la participation aux processus démocratiques. S’attaquer à ces obstacles peut contribuer grandement à créer une opinion publique informée, qui participe aux décisions en connaissance de cause et donc renforcer le tissu démocratique du pays. Examinons les défis qui se posent et comment améliorer l’accès du public à l’information en Éthiopie.
La gestion du pouvoir en Éthiopie a toujours été caractériséee par l’autoritarisme et la répression, qui ont engendré une culture du secret et de la censure. Les gouvernements successifs ont maintenu un contrôle étroit sur les médias et la diffusion de l’information. L’héritage du monopole de la diffusion de l’information publique, qui entravait l’accès à l’information des agences gouvernementales a donné lieu à des récits unilatéraux où les informations diffusées par le gouvernement pouvaient être biaisées ou incomplètes. En conséquence, le scepticisme et la méfiance à l’égard de la communication officielle se sont installés chez les habitans, qui n’ont plus qu’une compréhension limitée des questions nationales et locales, ce qui entrave leur capacité à s’engager de manière significative dans les pratiques citoyennes.
Bien que l’Éthiopie ait fait des progrès avec la mise en place d’outils visant à promouvoir la liberté d’information, ils sont souvent inadéquats ou ne sont pas appliqués de manière efficace. La proclamation sur les médias et l’accès à l’information, promulguée en 2008, visait à améliorer l’accès aux documents publics ; cependant, sa mise en œuvre reste lamentablement insuffisante. Les entités gouvernementales refusent souvent sans raison légitime de répondre aux demandes d’information, en dépit de la législation. En outre, malgré l’interdiction constitutionnelle et légale de la censure et d’autres formes de restrictions, les journalistes et les médias en Éthiopie subissent des pressions qui les empêchent d’informer librement. L’intimidation des journalistes, les arrestations arbitraires et la fermeture d’organisations médiatiques ont créé un environnement qui entrave l’objectivité de l’information. Cet environnement a découragé le journalisme d’investigation et limité la diffusion d’informations essentielles au public.
L’amélioration de l’accès du public à l’information en Éthiopie nécessite une approche multidimensionnelle impliquant des réformes juridiques, institutionnelles, technologiques et culturelles. Avant tout, il est essentiel de veiller à ce que la législation sur l’accès à l’information soit effectivement mise en œuvre. À cet égard, le gouvernement doit indiquer une direction claire et former les fonctionnaires au traitement des demandes d’information. Des mécanismes doivent également être mis en place pour gérer les conséquences des refus d’accès. Le bureau du médiateur - l’organisme chargé de superviser la mise en œuvre de la loi - doit être habilité à contrôler le respect des lois sur l’accès à l’information et à répondre aux demandes de manière efficace. Le gouvernement doit créer un environnement favorable aux médias en cessant d’intimider les journalistes, afin de faciliter le libre échange d’informations et d’encourager la diversité des récits.
L’instauration d’une collaboration avec les organisations de la société civile est également essentielle pour promouvoir l’accès à l’information publique, dans la mesure où elles jouent un rôle important dans la défense de la transparence et la diffusion de l’information en renforçant l’engagement citoyen et en encourageant une participation active à la gouvernance. Les OSC contribuent en outre à l’exercice du droit d’accès à l’information par le biais de campagnes de sensibilisation du public. Il s’agit de développer des programmes d’éducation qui éclairent les citoyens sur leurs droits afin qu’ils exigent la divulgation des informations gouvernementales et demandent des comptes à leurs dirigeants. La mise en œuvre de pratiques ouvertes de gouvernement, qui donnent la priorité à la transparence et à la participation des citoyens, est un autre moyen pour améliorer l’accès à l’information. Le gouvernement devrait mettre en place des politiques d’« open data » qui permettent aux citoyens d’accéder aux données détenues par le gouvernement, y compris les budgets, les programmes de développement et les services publics, car cette transparence favorise la responsabilité et la confiance dans les processus gouvernementaux.
L’accès à l’information publique est une liberté fondamentale qui doit recevoir une attention solennelle de la part de toutes les parties prenantes, car elle est essentielle pour favoriser un système de gouvernance transparent, responsable et participatif en Éthiopie. Néanmoins, des obstacles importants persistent, enracinés dans des pratiques anciennes, des insuffisances juridiques, les attaques contre des médias et leur fermeture, et le manque de soutien institutionnel. Si l’on veut s’attaquer efficacement à ces obstacles, il est impératif d’adopter une approche globale impliquant des réformes juridiques, l’abandon des pratiques restrictives et la promotion de l’engagement public. Si toutes et tous doivent s’investir pour garantir le respect du droit, la responsabilité repose avant tout sur les épaules du gouvernement. Il lui incombe de faire preuve de volonté politique pour mettre en œuvre ces stratégies. Sinon, l’objectif même de garantir l’accès du public aux informations détenues par le gouvernement - construire une société plus solide et plus démocratique - restera un rêve lointain.
[1] Staff, « Guaranteeing access to information for all, The Reporter, 24 août 2024, traduction Human Village avec DeepL.