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Embouteillages monstres à Djibouti, une crise qui s’amplifie…
par Mahdi A., mai 2016 (Human village 27).
 

Dès le matin Djibouti-ville est congestionnée par les embouteillages. C’est un phénomène nouveau, quelques années tout au plus, mais qui prend de l’ampleur avec le temps, au point de devenir un problème majeur de la capitale. C’est devenu un casse tête quotidien pour les automobilistes.
Des embouteillages à tout bout de champ, une cacophonie générale, la situation n’est pas près de s’arranger, car le trafic automobile croît de près de 6% par an et sollicite toujours davantage les infrastructures, jusqu’à saturation.
De nombreux points noirs sont apparus, comme par exemple le stationnement dans le centre ville. Pour franchir la rue Soleillet, l’avenue Cheikh Osman, l’avenue de Gaulle, le boulevard Hassan Gouled Aptidon, il faut dorénavant prendre son mal en patience. Autrefois fluides, ces axes sont constamment engorgés. Les voies de contournement ne sont pas en reste, comme notamment la route de Venise ou de la Siesta, elles aussi de plus en plus congestionnées aux heures d’entrée et de sortie des classes. Comment peut-on remédier à ces embouteillages ? Faut-il élargir les routes ? Construire des autoroutes urbaines en démolissant au besoin le bâti, en abattant des arbres de la chaussés, en réduisant l’espace dédié aux piétons ?

Trop de voiture fera toujours trop de voitures : quelles solutions alors ?
Il n’y a pas de solution miracle, il faudra que les Djiboutiens laissent leur voiture à la maison et aillent travailler en utilisant les transports en communs !
Il faudra cependant remédier aux services des bus ; ces derniers ont de gros inconvénients, comme la promiscuité, la chaleur, l’inconfort voire la sécurité même s’ils rendent des services très utiles à la communauté. Pour élargir la clientèle des usagers, des efforts devront être réalisés pour inciter aux changements de comportements des automobilistes notamment en proposant des autocars alternatives modernes, sûres, confortables, fiables, climatisées et de capacités suffisantes, avec des horaires garantis… Sans nul doute il y a là une niche commerciale, un nouveau marché à exploiter, créateur d’emplois. L’État pourrait accompagner cette mesure à travers le fonds de développement, mais également en instaurant des couloirs réservés aux transports en commun et en régulant davantage ce secteur.
Mais cela n’est possible qu’avec une « révolution culturelle » puisque sous nos cieux, prendre le transport en commun est vécu comme humiliant et la voiture comme conférant un statut ! Les citoyens doivent changer leur regard sur les modes de déplacement et ne pas considérer la voiture comme le seul ou le meilleur moyen de transport.

Rien faire n’est pas une option : il faudra sans doute une pluralité de solutions
On s’en doute, la congestion du réseau routier génère de nombreux inconvénients, à commencer par le temps perdu, le carburant dépensé en vain, sans parler de l’impact sur la pollution et le stress des automobilistes, et des risques d’accident augmentant considérablement. L’importance de fluidifier et faciliter la circulation des véhicules et des personnes sur le réseau routier est un sujet d’intérêt général. Il s’agit là d’une clé pour dynamiser l’économie.

Pourquoi ne pas interdire aux camions de circuler aux heures de pointe, interdire aux camions/poids lourds de doubler notamment sur la route Venise, puisqu’un camion qui double ralentit la circulation pouvant aller jusqu’à créer un bouchon.
Puisque diminuer le nombre d’automobilistes permet de diminuer le risque d’embouteillage, on pourrait aussi quand il ne sera plus possible de faire autrement, instaurer la circulation alternée selon les numéros de plaques d’immatriculation : un jour pour les véhicules pairs et un autre pour ceux aux numéros impairs.
Les commerçants pourraient également changer leurs habitudes avec des horaires spécifiques pour les livraisons, par exemple de 5h à 7h du matin ou de 14h à 16h, puisque tous les camions qui entrent dans l’hyper centre aux heures de pointe pour desservir les grossistes provoquent des bouchons monstres. Pareillement on pourrait décaler les horaires des bureaux, réfléchir à un système d’évitement des heures de pointe.
Il faut combiner des solutions de court terme à l’efficacité assez limitée, à des solutions à moyen et long termes qui auront des impacts forts mais qui nécessitent des investissements conséquents, comme par exemple des travaux d’envergure à envisager pour améliorer l’existant, faire de la place aux transports en commun. Pour libérer de l’espace on pourrait aussi déménager l’état-major des forces armées ainsi que les installations militaires mitoyennes, à Balbala au niveau du camp Cheikh Osman ce qui permettrait de soulager pour un temps la capitale et éviter l’asphyxie du centre ville ; tout en envisageant les différentes options pour mobiliser des ressources importantes pour la réalisation d’un tramway à Djibouti... Il faut garder à l’esprit que dans cinq ou six ans, il sera trop tard, les axes seront totalement engorgés.
Face à l’urgence, on ne voit pas de projet à l’étude, une réflexion posée devant cette réalité ; pourtant il faudrait mettre en place un traitement de choc pour lutter contre les embouteillages, notamment à travers le lancement d’une sorte de livre blanc sur la problématique des embouteillages dans notre pays et sur les solutions à envisager. Ce qui permettrait une meilleure gestion du flux routier, de prévenir le trafic et de prendre des décisions avisées concernant les investissements nécessaires en infrastructures.
Le trafic est devenu un véritable cauchemar pour de nombreux usagers. En mettant en place une stratégie globale, les responsables politiques rendraient un énorme service à la population.

Mahdi A., photos : Hani Khiyari.

 
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