Human Village - information autrement
 
Éditorial de Human Village n° 21
par Mahdi A., septembre 2013 (Human Village 21).
 

Le 12 août dernier, le Premier ministre norvégien, le travailliste Jens Stoltenberg, a joué le chauffeur de taxi le temps d’un après midi afin de se mêler à la population de manière incognito : il s’agissait pour lui de prendre le pouls de la Nation. Je ne sais pourquoi, je me suis mis à imaginer le même scénario à Djibouti ! Le chef de l’État et son gouvernement prenant un peu de leurs temps pour se fondre anonymement à la population dans un transport en commun… L’un des avantages des transports en commun dont on ne parle jamais, c’est que les gens s’y disent ce qu’ils pensent. Les débats n’y manquent pas, parfois très houleux, souvent contradictoires, plus rarement unanimes. Les thèmes sont aussi divers que variés, mais la politique tient le haut du pavé. Bruissent les rumeurs de la ville, les « ils ont dit », à défaut d’un large choix de radios communautaires et commerciales, les passagers s’improvisent tour à tour, commentateurs politiques, économiques et sociétales. Ces discussions ne s’interrompent que le temps de laisser monter les nouveaux venus et descendre ceux qui sont arrivés à leur destination… La discussion reprend aussitôt là où elle s’était arrêtée, les nouveaux arrivants ne se gênant pas pour participer et donner leur opinion dès qu’ils saisissent de quoi il en retourne ils s’intègrent au fil de la discussion comme une pelote de laine que l’on déroulerait.
Au delà de l’aspect un peu « anormal » que pourrait avoir cette scène, je ne peux m’empêcher de me dire que cette aventure en bus - car cela en serait une - en dehors des sentiers battus, donnerait une vision des attentes et des préoccupations réelles des citoyens. Vous me direz, que deux séminaires gouvernementaux ont été réalisés permettant un dialogue interactif entre l’Etat, la société civile et une partie de la population au cours desquels des paroles ont été échangées, des commentaires ont été exprimés puis s’en est suivi des promesses qui ont été faites pour améliorer ce qui pouvait l’être. Globalement la démarche était intéressante, fructueuse dans son ensemble mais ne faudrait-il pas renouveler ce type de rencontre plus régulièrement ?
Sans doute, revoir le format de l’exercice avec moins de discours officiels afin de libérer davantage de temps pour les échanges avec les citoyens rendrait le débat plus riche. Trouver le bon dosage pour rendre les prochains rendez-vous plus inclusifs que ne l’ont été les précédents aurait également un intérêt certain. Pour revenir à notre histoire de transport en commun, je pense qu’en plus de donner le sentiment d’avoir un gouvernement soucieux des difficultés du peuple, des perceptions pourraient-être entendues sans le filtre déformateur des grandes messes. Nos responsables politiques en apprendraient beaucoup plus sur la réalité de la vie et des aspirations de la population que dans tous les rapports qu’ils pourraient lire des services spécialisés. Sans compter que l’effet médiatique de cette petite sortie en bus serait garanti.
Jens Stoltenberg, en campagne pour conserver son poste, l’a bien compris. Les élections en Norvège sont prévues le 9 septembre, l’avenir nous dira si sa stratégie de communication était la bonne…
Y Af Y’inti est le nouveau né de la presse écrite nationale et il a pour particularité d’être publié en langue afar. L’équipe d’Human Village voudrait saluer cette initiative citoyenne des membres d’Afar Pen visant à sauvegarder et à promouvoir un pan essentiel de la culture djiboutienne. Afar Pen a montré la voie, tracé le sillon, on espère que Somali Pen lui emboîtera le pas. Bon vent et longue vie donc à nos confrères de Y Af Y’inti.
Avant de vous laisser tourner la page nous voulions adresser un clin d’oeil à la grande dramaturge, écrivaine et grande dame de la culture afar et de la langue de Molière : Aïcha Robleh. Nous avons hâte de revoir ses œuvres sur scène, dans lesquelles sans nul autre, elle décortique nos mœurs sociétales en mettant toujours insidieusement en relief nos travers pour nous amener à réfléchir sur nos comportements individuels et plus largement sur notre communauté. A bientôt l’artiste !

Mahdi A.

 
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