Le cambriolage, qui a lieu dans la nuit de mardi à mercredi, a été constaté ce mercredi matin, 13 septembre. Le butin est évalué à un peu moins de six millions de nos francs [1]. Le vol par effraction s’est déroulé au département de la comptabilité de l’Agence des routes (ADR) [2]. Il est situé dans l’arrière cour du ministère, installé dans une structure légère en préfabriqué.
Selon les éléments recueillis sous le sceau de l’anonymat auprès d’un gendarme en charge de l’affaire, l’auteur du malfrat avait une bonne connaissance des lieux et des insuffisances du système de sécurité :
« Il connaissait bien son affaire puisqu’il est passé par le toit pour pénétrer à l’endroit où se trouvait le coffre fort. Notre enquête a permis de reconstituer le déplacement du voleur à l’intérieur des lieux grâce aux caméras. Il était masqué et a pris son temps, allant jusqu’à se servir un verre d’eau, consulter des documents sur une table… Il ne semblait nullement pressé ni craindre d’être pris en flagrant délit. Le coffre n’a pas été endommagé. Il semblerait qu’il avait en sa possession les clés. Sur les trois caméras de la pièce, une ne fonctionnait pas et était débranchée. Il semble qu’il en était informé, puisqu’il n’a pas cherché à la couvrir alors que sur une autre il a placé un bout de tissu. L’existence de la troisième camera lui était inconnue. Il a posé sans toutefois réaliser que les informations étaient enregistrées à son insu.
Au vu du mode opératoire, il apparaît que l’auteur du larcin a pu bénéficier d’une complicité interne. Le vol a été préparé minutieusement comme en témoigne la date choisie. Le coffre avait été approvisionné en fin d’après midi. La recette devait être versée le lendemain à la banque. Une personne est en garde à vue. Pour autant, nous n’écartons pour l’heure aucune piste. L’enquête se poursuit ».
Et le gendarme ajouter que « ce qui est étonnant dans cette enquête, c’est le peu d’intérêt que portent les responsables du ministère à notre investigation. Comme si c’était un délit mineur. Pourtant, pour nous enquêteurs, c’est une énorme enquête. Nos supérieurs nous mettent la pression pour que nous résolvions l’affaire rapidement. Puis on m’a expliqué que cette nonchalance aurait pour origine le fait que cette institution avait l’habitude de manier des sommes considérables, que le montant du délit n’aura aucune incidence dans le fonctionnement du service ».
Il faut savoir que l’ADR a généré près de dix millions de dollars de recettes en 2016. Elles proviennent de la taxation des poids-lourds pour l’utilisation de la route nationale 1, perçue pour l’essentiel en monnaie sonnante et trébuchante. On peut tout de même s’inquiéter sur le fait que des lieux aussi sensibles que des institutions ministérielles puissent aussi aisément se faire détrousser la nuit tombée...
Mahdi A.
[1] Soit environ 34 000 dollars américains.
[2] « Entretiens avec Souleiman Moumin Robleh et Souleiman Youssouf Arreyteh, Human Village n° 9, 2009.