Alors que les Djiboutiens sont toujours perplexes quant à la gestion des sommes récoltées auprès des habitants et des commerçants pour soutenir la lutte contre le covid et venir en aide aux plus démunis, des habitants de Yoboki, au moins 20 000 personnes selon le dernier recensement, ont bloqué samedi 30 mai plusieurs heures toute circulation sur la route nationale 1 pour alerter les autorités sur leur situation. C’est une population démunie de tout, ce que nul ne conteste puisque le président, lors de la caravane le 24 février, avait été même jusqu’à suggérer de tout détruire dans la localité pour tout reconstruire… C’est dire l’état de délabrement et de désuétude de ce lieu qui ne s’est jamais remis de la guerre civile durant laquelle elle avait été un bastion de la rébellion. La ville meurtrie a payé un lourd tribut, ses murs portent encore les stigmates et les cicatrices béantes de la guerre. La reconquête par les autorités n’y avait pas été de main tendre.
Malgré les doléances exprimées par les Yobokois lors de la visite du chef de l’État, et les promesses formulées, les habitants n’ont pas trouvé d’autre moyen pour se rappeler pacifiquement au bon souvenir de la capitale que d’entraver la circulation des véhicules sur ce corridor essentiel pour les échanges commerciaux entre l’Éthiopie et Djibouti.
Ces habitants ont des exigences modestes : ils demandent à l’État de les alimenter en eau pour pouvoir continuer à vivre ici. Cette eau ne servira pas a se laver les mains au savon pour lutter contre le covid-19, ça c’est le cadet de leurs soucis, mais pour s’alimenter et faire la cuisson. Bref des besoins vitaux… Ils se sentent oubliés et ils n’ont pas tort. Nos responsables politiques semblent malheureusement plus accaparés à changer de véhicule comme de chemise en utilisant des ressources qui auraient du profiter au plus grand nombre, par exemple pour lutter contre la soif. Ces femmes et ces hommes exigent un approvisionnement décent en eau potable. Le plus regrettable dans cet acte de revendication pacifique, c’est qu’il aura fallu qu’ils en viennent à cette extrémité pour que leur sort se retrouve en tête de l’agenda du chef de l’État qui a convoqué hier, lundi 1er juin, une réunion de suivi des promesses faites aux populations visitées lors de la dernière caravane présidentielle dans les régions de l’intérieur… En attendant qu’une solution pérenne voit le jour, les habitants de cette localité demandent, tandis que sévit une canicule insupportable dans cette région dont le climat est extrêmement rude, à être approvisionnés en eau de manière régulière. À ces habitants oubliés, on ne pourra pas leur reprocher d’avoir la folie des grandeurs…
Un internaute, n’en pouvant plus, fulmine : « Lavage des mains à Djibouti ville. À chaque coin de quartier, un grand seau rempli d’eau. [A Yoboki,] exode rural car on meurt de soif.
Voilà plus de dix ans que l’on crie de Yoboki, ça n’a rien donné. Après chaque cri, une citerne [est envoyée] pour ouvrir la route. [Bien que situés], non loin de l’oued de Hanleh, les Yobokois meurent de soif depuis des décennies ».
Mahdi A.