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J’ai mal à mon pays !
par Ali Mohamed Abdou, juillet 2019 (Human Village 36).
 

J’ai mal à mon pays, le seul qui soit le mien, malmené par tant d’années de mal gouvernance, de gabegie, de corruption, et d’injustices multiformes.
Mon pays où l’incompétence, la flagornerie le tribalisme sont érigés en système de gouvernement aux dépens de l’excellence, de la justice, du patriotisme et de l’esprit critique.
Et l’on s’en vante à longueur de journée sur les ondes de la seule radio et dans les colonnes du seul journal, faisant fi des aspirations populaires laissées pour compte de tout progrès ou développement.
Une classe politique amorphe, de la majorité comme de l’opposition, observe sans coup férir les conséquences désastreuses de cette calamité innommable.
La communauté internationale se bande les yeux et se bouche les oreilles du moment que ses intérêts sont sauvegardés.
À Djibouti, tout le monde déplore en privé, exceptées quelques voix courageuses qui clament haut et fort leur révolte, mais la quasi majorité se drape dans un silence coupable attendant que les plus téméraires se sacrifient et leur ouvrent la voie de la rédemption.
Une diaspora qui se tire dans les pattes à chaque fois qu’il y a lieu de conjuguer leurs efforts pour faire front commun et se préparer à une éventuelle alternance crédible. À part ça, dans notre pays on continue de chanter de danser et de faire l’éloge d’on ne sait quels héros ou héroïnes et on continue de fustiger à coups de botte de khat et d’espèces sonnantes et trébuchantes toute voix discordante. Dans l’administration, on s’acharne à écarter tous les cadres compétents ou d’expérience pour laisser place à tous les flagorneurs en chef et autres défenseurs du clan, qui raflent tous les marchés avec délits d’initiés, ou pas, et pendant ce temps nos cadres sont poussés à l’exil et le petit peuple crève la dalle et nos régions soumises à toutes les incuries, embargos et bassesses qui les consument à petit feux.
L’histoire nous apprend, et le contexte régional ou international nous enseigne, qu’un pouvoir qui fait fi et étouffe les aspirations populaires, loin de s’éterniser finit dans les oubliettes de l’histoire.
Avant qu’il ne soit trop tard, nous avons la possibilité de nous ressaisir et d’éviter à notre pays les affres d’une explosion sociale imprévisible et incontrôlable.
Que chacun et chacune d’entre nous prenne ses responsabilités et fasse œuvre utile à son niveau pour amorcer par la suite une synergie d’actions salvatrices destinés à nous sortir de cette crise d’immobilisme sans nom et du pilotage automatique dans lequel se vautre notre cher pays. Inchaallah !
Vive la cohésion nationale
Vive la justice et la bonne gouvernance
Vive la République de Djibouti.

Ali Mohamed Abdou
Ancien procureur général de la République et ancien président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH)

 
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