Communiqué du Syndicat de la presse et de l’audio-visuel de Djibouti
En ce mardi 3 mai 2016 où le monde célèbre la journée mondiale de la liberté de la presse, le Syndicat de la presse et de l’audio-visuel de Djibouti (SPAD) souhaite à l’ensemble des professionnels des médias nationaux une bonne fête.
Comme à l’accoutumée, cette journée est l’occasion pour notre organisation de faire le tour de la situation des médias nationaux.
Cette année l’évènement majeur est la mise sur pied de la Commission nationale de la communication (CNC) dont le projet de loi a été adopté et avalisé par le Parlement au début du mois de mars dernier [1].
Notre syndicat avait appelé à maintes reprises à la création de cette commission qui était prévue depuis plus de vingt ans par la loi sur la liberté de communication adoptée en 1992 [2].
Cependant, nous déplorons que notre organisation n’ait pas été associée, ni consultée, quant à la mise en place de cette instance de régulation des médias et du secteur de la communication.
Comme le prévoient les textes, les neuf personnalités siégeant au sein de cette commission doivent comprendre un délégué de notre syndicat. Malgré nos multiples sollicitations, notre syndicat a été mis à l’écart de cette commission.
Le SPAD félicite le gouvernement pour cette avancée majeure dans le domaine des médias et appelle, une fois de plus, à l’implication de notre organisation dans le fonctionnement de cette institution.
Pour ce qui est de la situation des médias nationaux, il faut rappeler que le constat est toujours amer. Au début du mois d’avril dernier, pendant plus de dix jours ; le quotidien La Nation était absent des kiosques au grand dam de ses abonnés et clients. Quelles que soient les raisons invoquées (problème d’impression…), ceci témoigne des difficultés majeures que traverse la presse écrite qui demeure le parent pauvre des médias nationaux.
En effet, si les décennies 1980 et 90 ont été une période glorieuse pour la presse écrite, l’on assiste depuis plus de dix ans à une déliquescence de ses organes. Baisse de la qualité rédactionnelle et du contenu, périodicité multipliée et les moyens n’ont pas suivis. Exiguïté des locaux qui sont inadéquats… Aussi, le personnel n’est pas formé et demeure sans perspective de carrière et le statut du personnel de la presse et de l’audio-visuel n’est que très partiellement appliqué. Si bien que, depuis belle lurette, certaines directions sont en pilotage automatique.
S’agissant de l’audio-visuel, il faut le dire, l’État a consenti de lourds investissements pour développer ce secteur, mais ceci n’a pas influé sur la qualité du service rendu par la Radio Télévision de Djibouti (RTD), qui demeure déconnectée de la réalité. Malgré la multiplication de ses chaines, la RTD est loin de s’acquitter de ses missions de service public. Aucune émission politique, économique ou sociale n’est diffusée. Dans le journal télévisé aucun sujet d’analyse, ni de travail de terrain n’est effectué.
Cette démission de la RTD a fait que lors de la campagne électorale pour l’élection présidentielle, la chaine Africa 24 a fait une couverture remarquable de cet évènement.
Il faut signaler que la RTD dispose de tous les moyens matériels et humains pour faire un travail professionnel.
Afin de relancer le secteur des médias, vital pour le renforcement de la démocratie et de l’État de droit, le SPAD appelle le gouvernement à initier l’organisation des états généraux de la presse.
Kenedid Ibrahim Houssein, président du SPAD
[1] Loi N°114/AN/15/7ème L Instituant la Commission nationale de la Communication du 21 mars 2016, publiée au Journal officiel le 31 mars 2016, voir en ligne.
[2] Loi n°2/AN/92/2eL relative à la liberté de communication du 15 septembre 1992, publiée au Journal officiel le 30 septembre 1992.