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Les Journées du patrimoine djiboutien
 

Le patrimoine est un univers immense : il est présent sur tous les territoires, dans les villages les plus reculés comme au coeur des métropoles, dans les formes matérielles comme dans les cultures immatérielles. Une politique des patrimoines au XXIe siècle ne peut faire l’économie d’une réflexion en profondeur sur leur inscription dans des territoires, dans leurs dynamiques, tiraillés qu’ils sont entre le grand vent de la mondialisation et les désirs, parfois puissant, d’enracinement et d’identité ». (Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, discours du 13 septembre 2011) C’est dans cette perspective que l’Institut français Arthur Rimbaud (IFAR) a organisé, pendant tout le mois d’octobre 2011, les « Journées du patrimoine djiboutien ».
L’IFAR a d’abord tenu à rendre hommage à tous les chefs des missions archéologiques françaises qui ont travaillé pendant longtemps, avec leurs collègues djiboutiens, à l’exploration du territoire et qui, pour certains, poursuivent encore leurs recherches : Jean Chamaillon, Arlette Berthelet, Roger Joussaume, Xavier Gutherz et Benoit Poisblaud. C’est bien la première fois que se trouvent réunis tous ces spécialistes de Djibouti qui ont su faire partager avec enthousiasme à un public très nombreux d’élèves et d’étudiants, à l’IFAR comme à l’Université de Djibouti, leurs souvenirs et leur passion.
A cette occasion, l’IFAR présente pour la première fois à Djibouti l’exposition appelée « Voyage au pays de Pount », produite en France en 1998, qui tend à mettre en valeur tous les aspects de son patrimoine.
Cette exposition pluridisciplinaire qui s’adresse à un large public, doit contribuer à faire connaitre, à partir de traces matérielles et de sources d’archives (cartes, plans, photographies, etc.), la diversité du patrimoine de Djibouti. Un très beau catalogue Connaître la République de Djibouti. Voyage au pays de Pount a fait l’objet d’une large diffusion, il est encore disponible à l’IFAR.
Dans ce cadre, l’IFAR a tenu ensuite à présenter un document audiovisuel « Histoire de Djibouti » (RTD-Images d’archives 1958-1977) fait de quatre épisodes montés par la RTD. Les spectateurs ont pu découvrir des images émouvantes de Djibouti dans les années cinquante, des principaux acteurs de la vie politique et des heures mémorables de l’indépendance de Djibouti. Ces journées comportent également un large volet anthropologique consacré au patrimoine nomade et aux traditions orales. Nous avons reconstitué dans les jardins de l’IFAR plusieurs types d’habitat (daboyta afar, et boul ou agal somali) dans lesquels un jeune public a pu écouter des contes et des chants afar et somali.
Mon vœu le plus cher, comme le souhaite Frédéric Mitterand « est d’éveiller la curiosité, de dérouler le fil de l’histoire. Le patrimoine n’est pas ce fétiche sacré qu’il conviendrait de ne pas réveiller. Bien au contraire, il est vivant, il est une invitation au voyage ».

Jean-François Breton , conseiller culturel adjoint, IFAR

C’est un grand honneur pour moi d’inaugurer à l’Institut français Arthur Rimbaud ces « journées du patrimoine djiboutien ».
Elles s’ouvrent tout d’abord sur cette remarquable exposition « Voyage au pays de Pount », présentée pour la première fois à Djibouti, qui tend à mettre en valeur tous les aspects de notre patrimoine. Cette exposition pluridisciplinaire qui s’adresse à un très large public, parfois peu au courant des réalités djiboutiennes, doit contribuer à faire connaitre, à partir de traces matérielles et de sources d’archives, notre longue histoire. En effet, Djibouti, carrefour des civilisations, cumule à la fois une vocation maritime et un destin continental que confortent les infrastructures laborieusement mis en place, dès 1880, par la France coloniale. Bâtir une image plus authentique du territoire s’imposa très vite en effet aux explorateurs qui livrèrent, dès 1880, leurs premières observations. En fait, il faut attendre les années 1970 pour que de rigoureuses approches scientifiques soient enfin lancées. Sous l’impulsion de l’ISERST (maintenant le CERD), divers programmes associant étroitement des chercheurs nationaux et étrangers, ont ouvert de nouvelles pistes d’études dans le domaine, d’une part des sciences de l’Homme et de la nature, et d’autre part dans les sciences appliquées.
Des fouilles archéologiques ont mis au jour de vestiges de première importance. Voilà 1,5 million d’années, l’Homo Erectus est déjà connu sur plusieurs sites dont celui de HaraIdé, dans le fossé de Gobaad. On mentionnera aussi la découverte d’un site à dépeçage d’un éléphant, non loin du lac Abbé, démontrant, voilà 1,6/1,3million d’années que des hommes ont séjourné quelque temps auprès de cet animal mort afin de le dépecer et de le consommer. En 1988, la même équipe de Jean Chavaillon, d’Arlette Berthelet, et d’Ahmad Warsama découvrait dans le Gobaad, un autre éléphant. Ainsi, l’occupation humaine à Djibouti témoigne des grandes étapes de la préhistoire, et l’on prend conscience que dans ce pays l’environnement de l’homme n’a pas toujours été aussi aride.
Dans les années qui suivent, Xavier Gutherz et Roger Joussaume s’attachent à la période qui couvre l’histoire du développement des sociétés depuis leur passage à la production, comme l’élevage et peut-être aussi l’agriculture, jusqu’à l’islamisation. Ce programme toujours en cours comprend des prospections permettant de localiser les sites, des fouilles plus étendues et des recherches sur l’art rupestre. Il est de mon devoir de souhaiter que des chercheurs djiboutiens soient de plus en plus nombreux à être associés à ces travaux, préparant ainsi la relève. Je ne peux qu’encourager la recherche sur la période islamique. Pour le moment, seul, je crois, le site de Handoga, près de Dikhil, témoigne d’une occupation au XVIe siècle, mais c’est peu par rapport à toute la durée de l’histoire islamique de la région. Je crois savoir qu’une partie de ces journées comportent un volet anthropologique consacré au patrimoine immatériel, aux traditions orales, aux contes et aux poèmes. Tous mes encouragements vont dans le sens du recueil de ces traditions et de leur sauvegarde. Je ne peux que souhaiter que ce patrimoine soit connu de nos élèves. C’est un « devoir de mémoire » comme je le présentais, lors du colloque sur les archives qui s’est tenu en avril 2011 à l’université de Djibouti. C’est dire que la recherche doit faire partie intégrante de notre politique au ministère de l’Education nationale, et il reviendra au CRIPEN d’élaborer des manuels scolaires qui devront intégrer de larges pans de notre passé.
J’appelle donc de mes voeux une collaboration plus étroite entre les chercheurs et les enseignants, et ces « Journées du patrimoine » devraient constituer l’un des points de départ de cet effort en vue de la valorisation de notre histoire nationale.

Adawa Hassan Ali , ancien ministre

 
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