Human Village - information autrement
 
Le port de l’uniforme en primaire passe mal
par Mahdi A., septembre 2018 (Human Village 34).
 

Pour la rentrée 2018-2019, le ministère de l’Éducation a décidé de rendre obligatoire le port de l’uniforme en primaire sur l’ensemble du territoire dans les établissements du public. Cette règle commune à l’ensemble des écoliers a été accueillie avec colère par la plus grande partie des parents d’élèves. Le gouvernement ne s’attendait probablement pas à une réaction aussi importante de rejet de la mesure. La contestation s’est déchaînée sur les réseaux sociaux et, à lire les commentaires, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’en donnent à cœur joie ! La mesure annoncée en catimini quinze jours avant la rentrée fait l’unanimité contre elle, principalement à cause de son coût jugé abusif. Selon les données du ministère de l’Éducation (2017), 54476 écoliers du public au minimum seront concernés par ce nouvel habillement obligatoire.

Contexte
La mesure sur le code vestimentaire a été adoptée au cours de la 8e séance du conseil des ministres, le mardi 26 juin 2018. Cependant, force est de reconnaître qu’elle est passée inaperçue entre les différentes décisions prises ce jour là.
« Le présent projet de décret vise à instituer l’uniforme dans les établissements scolaires. La quête de la qualité des enseignements apprentissages met l’élève au centre du système éducatif. La mise en place d’un environnement propice à ces enseignements et notamment le port de l’uniforme scolaire constitue un levier incontournable à l’atteinte de cet objectif. Ce projet de décret prévoit qu’à partir de la rentrée 2018-2019, le port de l’uniforme est obligatoire pour les élèves de l’enseignement primaire et pour la rentrée 2019-2020 pour ceux de l’enseignement moyen, secondaire général et technique. Cette mesure a pour objectif d’une part de développer chez les élèves un sentiment d’appartenance à la communauté scolaire et d’autre part de répondre à un souci d’intégration notamment en supprimant les différences sociales entre les élèves au sein de l’école. Il permettra également de renforcer le vivre ensemble et l’égalité de traitement de tous les élèves des écoles nationales » [1].
Le ministère de l’Éducation, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’avait pas jugé utile d’alerter la population sur la révolution vestimentaire à venir. Comment expliquer un silence aussi lourd sur une question qui touche à ce point les habitudes et le portefeuille des familles djiboutiennes ? Le gouvernement aurait-il souhaité empêcher une quelconque mobilisation des parents d’élèves durant la période estivale qui aurait pu faire dérailler la réforme ?

Le quotidien La Nation, en date du 9 mai 2018, relate une tournée, du ministre de l’Éducation et de la formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud, effectuée le 3 mai 2018, dans le secteur de Balbala pour délivrer des tenues scolaires aux écoliers dans le cadre d’une opération pilote. On ne manquera pas d’être surpris par le timing de cette opération pilote de sensibilisation, intervenant trois semaines avant la fin de l’année ! Comment expliquer une telle timidité à promouvoir une mesure aussi inédite, alors que, pourtant, les arguments convaincants ne manquent pas pour justifier l’instauration de ce nouveau code vestimentaire.
Selon le quotidien national, cette réforme a été décidée « conformément aux recommandations de la société civile formulée lors des États généraux de l’éducation en décembre 1999, qui ont été réitérés lors du colloque et des consultations sur l’amélioration de la qualité des enseignements et apprentissages. Le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFOP) a décidé d’institutionnaliser le port de l’uniforme scolaire pour les élèves des classes de 1re année jusqu’aux 5e années dans les écoles de l’enseignement de base ». Et le ministre, Moustapha Mohamed Mahamoud, de confier au journaliste de La Nation les raisons qui l’ont amené à décider dans ce sens : « Les uniformes scolaires permettront d’assurer une certaine équité entre les élèves de toutes les couches sociales et de gommer les déséquilibres sociétaux. […] [Mon] département ministériel veut désormais s’assurer que les standards d’hygiène et de propreté vestimentaire et corporelle soient garantis parmi l’ensemble des élèves » [2].

Appel à la contestation et au boycott
Depuis l’annonce du projet controversé de tenue obligatoire pour les écoliers de l’enseignement public uniquement, les réactions se sont déchaînées sur les réseaux sociaux. De nombreux appels à rejeter cette réforme fleurissent dans les commentaires échangés entre les parents d’élèves. Le gouvernement a fait savoir que l’accès à l’école serait dorénavant interdit à tout élève dont la tenue ne serait pas conforme aux normes établies par le décret présidentiel. Les vêtements scolaires sont disponibles à la vente depuis hier, mercredi 5 septembre, sur l’ensemble du territoire.
Consciente des difficultés du gouvernement avec cette décision, l’opposition a su se saisir du sujet polémique pour surfer sur la vague de contestation. Pour elle, c’est du pain béni. Elle tient là une colère prête à exploser. Le Model, l’ARD et le RADDE sont en première ligne sur ce débat qui mobilise fortement l’opinion.
Abdourahman Barkat God, membre du Model, est sans doute l’un des plus virulents, et celui qui sera intervenu le plus souvent sur cette réforme, à travers notamment une lettre ouverte en français, mais également deux vidéos postées sur les réseaux dans lesquelles il s’exprime en somali et où il appelle notamment la population au boycott, invitant les parents le cas échéant à ne pas emmener leurs enfants à l’école sans un recul du gouvernement sur cette décision qu’il estime irresponsable. Il explique que si les parents d’élèves restent unis dans leur opposition, le gouvernement sera contraint de plier. « Pour mieux achever sa victime, le système couronne l’étranglement du citoyen par le port d’une tenue vestimentaire désormais obligatoire. Les points de vente et les prix sont arrêtés puisqu’il est inutile de consulter un mourant. D’ailleurs, il rend les derniers soupirs et l’on aura beaucoup de peines à déchiffrer une voix trop confuse. Dès lors, l’on se substitue au citoyen écrasé et l’on décide à sa place. Après une série de décisions fracassantes à l’encontre du citoyen, voilà une énième épée sur le côté gauche de sa poitrine.
En réalité, il y a une forme de simulation dans tout ça afin de faire croire aux gens que les institutions de l’État fonctionnent et qu’elles instaurent l’égalité entre les élèves à travers le port d’un habillement généralisé. Du bluff car le régime roule selon un ordre foncièrement non équitable » [3].

Le Dr Abbatte, membre de l’ARD « autorisée », médecin, ancien député, se montre tout aussi dubitatif dans une vidéo postée sur sa page Facebook en français, sur cette mesure gouvernementale. Il dit vouloir contribuer au débat et apporté sa pierre à cette réforme qui agite la population. « Je souhaite apporter une petite contribution : le débat qui concerne l’uniforme scolaire que le gouvernement de Djibouti compte imposer à partir de cette rentrée 2018-2019. […] Le gouvernement semble penser que le fait que les enfants portent le même uniforme peut-être un facteur d’égalité de chance. Je pense que cet argument peut être battu en brèche, surtout par les enseignants, qui connaissent les conditions de vies des enfants, et qui connaissent les exigences d’une éducation en bonne et dû forme, pour un enfant. […] Ce qui pose problème, et qui posera problème aux parents djiboutiens, c’est que le gouvernement compte imposer un tarif [unique] à tous les enfants […] pour l’ensemble des écoliers de la République de Djibouti. En d’autres termes, le monopole. […] Il faut que le gouvernement sache qu’il n’est pas dans son rôle lorsqu’il impose le tarif et le fournisseur de l’uniforme. Il faut que nous sachions qu’il nous revient à nous, d’avoir le libre choix du tailleur qui peut tenir compte de nos conditions de vies et confectionner des uniformes compatibles avec nos possibilités. Le gouvernement serait dans son rôle en nous donnant […] uniquement les caractéristiques de l’uniforme […]. Nous pouvons l’obtenir si nous restons unitaires et ferme par rapport à notre exigence » [4].

Ismaïl Osman Assoweh, membre du Model, ancien enseignant, ancien député, actuellement réfugié politique en Europe, a souhaité également réagir sur les réseaux sociaux. Il dénonce l’inertie de la population, son incapacité à manifester son mécontentement, et surtout conjure les parents d’élèves décidés à s’acquitter des 7000 FDJ pour les deux tenues obligatoire de s’abstenir, par solidarité avec les parents d’élèves démunis. « Il est exigé 7000 francs par enfant, en ayant connaissance du nombre d’enfants par foyer, on est sans ignorer que l’addition va être encore plus salée. […] Il faut que nous agissions ensemble, maintenant, pour mettre fin à cette réforme. Il n’appartient qu’à nous de mettre à bas ce projet. […] Que celui qui a décidé de se plier, en empruntant la somme demandée, je lui demande avec fermeté d’y renoncer, par solidarité à son voisin, qui lui ne peut pas s’offrir le luxe de financer cette dépense ». […] L’ancien parlementaire n’a pas caché son emportement à l’encontre de cette décision irréfléchie selon lui et inutile. Il considère qu’elle n’a pas été prise de manière concertée ni avec les enseignants, ni les parents d’élèves. Il accuse le gouvernement d’être motivé uniquement par l’appât du gain. « La réalité et les objectifs qui sont visés par cette mesure sont bien sur tout autre […], ce décret relève des intérêts personnels ».

Kadar Abdi Ibrahim, secrétaire général du Model, anciennement enseignant-chercheur et co-directeur de publication du journal L’Aurore, dans une tribune publiée le 2 septembre 2018, dans un média extérieur, s’adresse à son ancien collègue, l’actuel ministre de l’Éducation, et lui dit son incompréhension et son amertume devant cette décision politique. « Cette réforme de tenues vestimentaires, ajouté à la pénurie de lait, à la cherté du coût de l’électricité, aux coupures incessantes de l’eau, créent irrémédiablement des profondes fractures. […] C’est pourquoi, partout et aux quatre coins du pays, tous les djiboutiens dressent les plus terribles réquisitoires contre l’instauration du port de l’uniforme scolaire » [5].

Devant la vigueur des critiques suscitées, le MENFOP réagit… un peu tardivement
Devant l’ampleur qu’a pris le débat qui agite la société djiboutienne, et la mobilisation qu’il rencontre sur les réseaux sociaux, qui dénoncent des pratiques inacceptables, le ministère s’est trouvé contraint de justifier sa décision. Elle a été postée le 1 septembre sur le site Facebook du département ministériel, par un conseiller, Mohamed Barkat Siradj, dans lequel il prend pour cible le « discours inacceptable » d’Abdourahman Barkat God : « Le projet de port de l’uniforme à l’école porté par le MENFOP et entré dans sa phase d’application depuis le 26 juin dernier, passionne et fait couler beaucoup d’encre, notamment sur les réseaux sociaux.
Que l’opposition (légale ou illégale) en fasse un sujet de désaccord politique avec le gouvernement et critique le projet en tant que tel, c’est compréhensible et on peut considérer qu’elle est même dans son rôle. C’est le cas de Dr Abateh dont nous trouvons la réaction correcte par exemple.
Cependant, nous sommes fortement étonnés des propos tenus par M. Abdourahman God qui sortent carrément du lot […]. Il faut être aveugle pour ne pas constater que les enfants de Djibouti ne vivent ni s’habillent de la même manière selon qu’ils habitent tel ou tel quartier de la capitale ou selon qu’ils soient du milieu urbain ou rural.
Oui, il existe malheureusement une nette disparité entre les enfants en terme d’habillement et à travers les uniformes, ce qui est recherché, c’est instaurer un symbole d’égalités à l’école publique, lieu de savoir et de l’éducation. C’est le fait de renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté chez l’enfant qui est aussi recherché à travers l’uniforme et c’est important. Et puis, le port de l’uniforme fait partie de toute une batterie de mesures entreprises depuis deux ans dans le cadre de la transformation de l’école que nous voulons inclusive et de qualité.
[…] Pire, M. God lance un appel à une sorte de désobéissance civile en demandant aux Djiboutiens de ne pas envoyer les enfants à l’école. Il s’agit là d’un propos inacceptable et mal intentionné. Par conséquent, le MENFOP demande à M. Abdourahman God de revenir sur cette déclaration jugée irresponsable. Pour le MENFOP » [6].

Des arguments balayés par Abdourahman Barkat God dans une nouvelle vidéo diffusée sur sa page Facebook, lundi 3 septembre, pour déclarer notamment qu’il ne retirait rien à ses propos précédents concernant la tenue scolaire obligatoire. Bien au contraire, puisqu’il s’est montré encore plus circonspect quant aux motifs à l’origine de cette mesure [7]. Abdourahman Mohamed Guelleh, dit TX, président du RADDE, ancien enseignant, ancien maire de Djibouti-ville, ne manque pas de décrier, lui aussi, l’utilité de cette mesure dans une démonstration percutante sur deux vidéos en langue somali [8].

Un vif débat a été lancé, relayé par les réseaux sociaux
Ce qui est le plus frappant dans ces échanges, c’est ces paroles où l’on exprime une révolte, un ras le bol, les internautes ne prennent pas de gants. Certains ont essayé de tempérer ce débat houleux, parfois en essayant d’introduire des notes d’humour (foisonnement de caricatures, ou détournement de l’acronyme MENFOP, désigné MENSHOP), des propositions constructives, comme la recherche de solution partagée, négociée des étapes, comme le report à l’année prochaine par exemple. On retiendra que les réseaux sociaux disent les choses sans fioriture ; les messages empreints de colère ou d’amertume se sont multipliés à quelques jours de la rentrée scolaire dans le public, prévu pour le mercredi 12 septembre. Florilèges d’extraits de messages tirés exclusivement de la page Facebook du MENFOP-Djibouti [9] :

 Mo Awaleh « Vous vous focalisez sur la personne de Mr God et nous nous attendions à ce que vous nous parliez du prix des uniformes ! Nous savons tous que le seul but poursuivi est de se servir directement dans les poches des pauvres citoyens ! Parlez nous du prix des uniformes Monsieur et on verra si on doit vous croire ou non ».
 Zeinab Omar Ali « J’ai rien à dire alors MENFOP arrête de te cacher et défend toi. Donnes nous une solution raisonnable qui convient à tout le monde ».
 Samia Mhossein « La vidéo de M. God est cohérente, que ça vous plaise ou pas. Quant à MENFOP, il faut prendre en considération tous les commentaires de tes compatriotes. C’est MENFOP, qui crée l’inégalité envers l’éducation des enfants (école public pour les enfants pauvres et l’école privée pour les enfants riches). Une tenue vestimentaire ne va jamais donner une qualité pour l’égalité ».
 Mis Djibouti « Nos enfants MENFOP n’ont pas besoin de l’uniforme mais de réforme éducative ».
 Hawa Awaleh Sougueh « Si notre gouvernement a jugé opportun le port d’un uniforme dans le milieu scolaire, c’est forcément pour le bien de nos enfants, mais il [aurait du] sensibiliser la population pendant les vacances d’été. La population serait prête. Pour la famille pauvre, il faudrait proposer un fonds d’appui à ces familles, ou échelonné le prix de vente de l’uniforme. Chaque école devrait [avoir la possibilité] de sélectionner les familles pauvres, qui pourrait en bénéficier.
 Marwo Omar « Mr Abdourahman a dit la vérité… que ça vous déplaise ou non. Et c’est parce que l’éducation publique est médiocre et régressive pour les enfants Djiboutiens que la majorité des parents optent pour une éducation privée coûteuse mais appropriée ».
 Bacha Aden « Au lieu d’imposer un uniforme, je voudrais qu’on leur apprenne, ainsi qu’aux enseignants, l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. Il ne s’agit pas de se cacher derrière un uniforme, mais d’apprendre à vivre les uns avec les autres, avec nos différences. On ne peut pas bâtir une école sur le seul modèle de la classe moyenne, au nom de valeurs universelles, en méprisant ceux qui ne s’y conforment pas. […] L’uniforme pour moi c’est une prison vestimentaire ou est la liberté vestimentaire menfop ???? ».
 Habone Hassan « je suis pour la gratuité de l’uniforme […] Il faut trouver des solutions que la majorité est prête à accepter ».

Que faire après ces réactions en chaîne ?
Il faut à la fois se méfier de la récupération des uns et considérer la colère légitime des autres. Indéniablement certains internautes réagissaient à la brutalité de la décision, avec colère : ils ont choisi l’écrit et l’anonymat pour s’exprimer. Il faut savoir après avoir consulté des nombreux messages, que personne ne conteste fondamentalement le port de la tenue, ce qui fait l’unanimité, c’est le rejet du prix indiqué des vêtements. Beaucoup n’ont pas les moyens de les offrir à leurs enfants, alors que les familles nombreuses sont plus ou moins la règle : d’où le désarroi de nombreux djiboutiens. D’autres voient surtout dans la crise actuelle la manifestation des dysfonctionnements du pays, où, les dirigeants de ce pays, vivraient hors sols et seraient déconnectés des conditions de vie de la population, la seule raison selon eux pour expliquer une idée aussi saugrenue.

L’opposition politique s’est montrée habile en se saisissant avec rapidité de ce sujet, pour capitaliser sur le rejet de la décision politique par la population considérée comme imposée, abusée et surtout, annoncée de manière inattendue en catimini, quinze jours avant la rentrée, sans une communication adaptée pour justifier les bienfaits de la décision. On notera que la solidarité gouvernementale a été plus qu’absente. Tous aux abris ! Aucun ministre n’a jugé utile de venir en aide à leur collègue dans cette mauvaise passe. Cela confirme une fois de plus, à quel point chacun des membres du gouvernement gère son département ministériel comme sa petite boutique, et que la coordination et la solidarité gouvernementales ne sont que des vains mots. Comme dit le dicton, "chacun pour soi et Dieu pour tous".

Quelles que soient les raisons – vils, louables, voire le manque de communications - de cette bourde, on ne peut que déplorer que les efforts concertés, réfléchis, entrepris par Moustapha Mohamed Mahamoud, pour réformer profondément l’école, notamment en décidant de mettre l’accent sur la lecture et l’écriture, ou la décision courageuse de refonder la formation professionnelle pour la sortir de sa décrépitude, aient été ternis par cette navrante polémique qui aurait pu être aisément mieux gérée, si l’opération de bout en bout avait été plus transparente. L’opacité recouvrant le projet a assurément donné une odeur de souffre.
Selon nos informations, le chef de l’État, de retour hier de Pékin, serait porteur d’une heureuse nouvelle pour dénouer la situation crispée. Se prévalant de sa posture « de père de la nation », et tenant compte que les parents ont du mal déjà à s’acquitter des achats de livres, devrait proposer une solution généreuse et satisfaisante, à même d’apaiser toutes les âmes meurtries par ce qu’elles considèrent comme une mesure inique. Pour Ismaïl Omar Guelleh, il s’agit aussi de ne pas laisser à l’opposition de prise possible pour monter en épingle cette crise « des tenues scolaires », pour s’attirer la sympathie des parents d’élèves en faisant cause commune en mobilisant autour de la colère et du mécontentement à l’endroit du gouvernement.

Enfin, il faut retenir que cette polémique, aura presque fait oublier que, l’objectif du gouvernement a été atteint, au delà de ses espoirs ! Cette crise a complètement occulté que l’uniforme permettra de ne plus se poser la question du port de l’abaya noire à l’école, - habit recouvrant les femmes de la tête aux pieds… C’est la raison principale de la réforme : s’éloigner le plus loin possible du conservatisme religieux, de l’obscurantisme pour ne pas dire du wahabisme et son étouffement. Dans le même ordre d’idées, les imams des mosquées sont dorénavant formés en Turquie, dont la pratique de l’Islam est jugée plus conforme aux attentes des responsables politiques djiboutiens. Djibouti veut changer d’image, et pour cela, l’école est un lieu stratégique, permettant de travailler la société sur une génération pour la transformer, la façonner.

Mahdi A.

Ajout du 7 septembre : communiqué du Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, sur les uniformes
« À l’heure ou la rentrée des classes pour la nouvelle session scolaire 2018-2019 se prépare dans le calme et la sérénité, le gouvernement djiboutien rappelle que la revalorisation de l’enseignement, la qualité et l’équité de notre système éducatif, constituent les curseurs majeurs des orientations engagées afin de stimuler le développement national qui requiert une meilleure au processus et stratégie sectorielles à tous les niveaux.
Aussi, quoi que puissent insinuer sur la toile les vociférateurs patentés toujours prompts et enclins à dénigrer leur pays sans l’ombre d’une preuve, la revalorisation de l’enseignement constitue le meilleur gage pour bâtir un État garant de la cohésion sociale qui assure la protection de tous.
La famille en est le premier socle au sein duquel se structure et s’accomplit l’individu et à ce titre elle doit être au centre de toutes les attentions notamment lorsqu’elle est précaire et fragile.
Depuis toujours et face au coût élevé de la vie pour les familles les plus démunies, une solidarité nationale active a sans cesse prévalue dans notre pays.
Ces priorités, de longue date établie, seront fournies gracieusement.

Ainsi, dans l’attente d’une conformité généralisée, aucun écolier, y compris celles et ceux permis les élèves qui faute de temps ou de moyens, se présenteront sans uniformes ne sera nulle part interdit d’accès dans l’enceinte des établissements le jour de la rentrée.
Convaincu que la finalité de l’action publique de l’action politique réside dans le renforcement du capital humain, gage de développement Perrin, le gouvernement veut donc répondre aux besoins des citoyens en étant attentif à chacune des difficultés rencontrées pour ensemble bâtir une société qui avance.
Fidèle à notre histoire et aux legs ancestraux de notre culture de dialogue, de justice et de compromis, le gouvernement considère que la consolidation, la préservation de la paix et de la cohésion sociale, demeure préalable incontournables pour asseoir le progrès et le développement de la patrie » [10].

Autre communiqué du ministère de l’Éducation, 7 septembre, sous la forme d’un tweet du conseiller, Mohamed Barkat Siradj
Le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle informe, dans une déclaration faite ce midi à la RTD, qu’il a été décidé en concertation avec le Président de la République Son Excellence Ismail Omar Guelleh, que le prix de l’uniforme soit revu à la baisse et revienne à seulement 2000FD l’un pour les parents, la différence par rapport au prix initial de 3500FD devant de ce fait être prise en charge par l’État.
Il a également été décidé au plus haut niveau de l’État que les uniformes des enfants des localités des régions (hormis ceux des chefs-lieux ) seront prises en charge par l’État ».


[1« Conseil des ministres », Site de la Présidence, 26 juin 2018.

[3Abdourahman Barkat God, « Il n’y a qu’une seule voie », Human Village, août 2018.

[4« Dr Abbatte », Facebook

[5Kadar Abdi Ibrahim, « Rejet total et a la vitesse météorique de l’uniforme scolaire », Alwihdainfo, le 2 septembre 2018

[6Mohamed Barkat Siradj, « Discours inacceptable de God », MENFOP-Djibouti , le 1 septembre 2018

[7« Abdourahman Barkat God », Facebook

[8« Abdourahman Mohamed Guelleh, dit TX », You Tube

[9Mohamed Barkat Siradj, « Discours inacceptable de God », MENFOP-Djibouti , le 4 septembre 2018

[10Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP), « Communiqué de la Primature pour le port de l’uniforme à l’école », Facebook, le 7 septembre 2018

 
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