Human Village - information autrement
 
En aparté avec… Ibrahim Hamadou
par Mahdi A., mai 2008 (Human Village 2).
 

Le directeur-adjoint de la BCIMR, président de l’Association des employeurs, répond aux questions d’Human Village.

Vous êtes, en qualité de président du patronat, en quelque sorte le patron des patrons ?
(Un petit sourire...) Non… juste le président de l’Association des employeurs.

Le PNUD a présenté le 3 avril dernier le troisième rapport sur le développement humain dont le thème était l’adéquation emploi-formation. Que pensez-vous de cette initiative et qu’en attendez-vous ?

Il est important de noter que ce rapport découle d’une réflexion commune qui a réuni tous les acteurs économiques. Le patronat a pris toute sa part lors des différents ateliers de réflexion sur le thème de l’adéquation emploi-formation. Notre organisation était représentée par notre vice-président, M. Delarue, qui a apporté notre contribution au débat. Il a souligné l’inadéquation qui existe entre les besoins du marché et les qualifications des jeunes candidats à l’emploi. Ces activités concernent en premier lieu les secteurs liés au port, et tout ce qui en règle générale touche aux services. Ils représentent des débouchés numériquement très importants. L’effort doit surtout porter sur ces secteurs, il n’est pas surprenant que le port de Djibouti ait été le premier employeur à recruter massivement des salariés étrangers.

Le salarié djiboutien ne répond donc pas aux attentes du marché ?
Certainement pas, sinon comment expliqueriez-vous que différentes sociétés de la place fassent appel à une main d’œuvre étrangère. Ce n’est pas un constat nouveau, malheureusement. Nous sommes heureux aujourd’hui que le débat puisse être posé, et qu’une réflexion émerge enfin, engageant aussi bien l’État, le secteur privé, et la société civile, et avec une solide base de travail à notre disposition : les recommandations du rapport sur le développement humain.

Quels sont les facteurs qui pourraient expliquer que 60% de la population serait au chômage, selon un des constats du rapport ?
Ces chiffres ne sont pas une surprise, ils étaient connus. Ils confirment les précédentes études menées sur cette thématique. Les causes sont bien évidemment connues : une forte démographie, le coût élevé de la main d’œuvre locale, l’échec scolaire prenant des proportions inquiétantes et qui, corollairement, pose à nouveau le problème de l’adéquation emploi-formation, entre l’offre et la demande d’emploi. Je peux vous assurer que de nombreux employeurs aujourd’hui ne peuvent pas développer d’activités car le système éducatif/formatif ne s’est pas adapté aux besoins des employeurs, à l’évolution du marché tout simplement. Le gouvernement doit procéder à son aggiornamento dans ce domaine, eu égard à l’évolution fulgurante que connaît l’économie.

N’appartenait-il pas à votre organisation d’en informer les autorités compétentes ? N’avez-vous pas une part de responsabilité dans cet échec de la formation professionnelle ?
Il me semble important d’instituer un cadre institutionnel de dialogue secteur public, secteur privé, organisations syndicales des travailleurs. Sans vouloir remettre la faute sur qui que cela soit, le plus important c’est ce qui va se jouer maintenant. Souvent, pour qu’un dialogue s’installe une base de travail commune est nécessaire, et ce document élaboré par le PNUD en concertation avec toutes les parties va enfin permettre que le débat et la réflexion soient prolongés.

Vous semblez confiant ?
Evidemment mais je tiens à préciser qu’aujourd’hui le marché du travail est ouvert. Les Djiboutiens doivent réagir, s’adapter en se formant, se discipliner au travail, car une main d’œuvre qualifiée et réactive est disponible de part le monde. Nous sommes dans une économie globale, et avec le poids de notre port sur notre économie nous aurions tord de l’ignorer. Nous sommes au cœur d’un hub en construction, nous devons garder confiance dans la capacité d’adaptation de l’entreprenariat djiboutien, et sur la capacité des salariés à répondre efficacement aux besoins de cette économie en mutation. Pour souligner mon propos, je souhaiterai évoquer le cas de salariés djiboutiens travaillant pour la société Odebrecht, entreprise brésilienne qui après avoir été formés sur le site à Djibouti se sont vus proposer par cette même société des offres de postes similaires à pouvoir sur différents chantiers ailleurs dans le monde. Ces offres étaient accompagnées de propositions salariales intéressantes. Nous devons saisir l’opportunité qui nous est offerte d’apprendre de l’autre une nouvelle opportunité d’acquérir un savoir faire aux contacts de ces professionnels, de ces artisans, etc. Un transfert de compétence doit s’opérer. Le monde bouge, notre façon de travailler doit évoluer aussi. Ces prochaines discussions sur l’adéquation formation emploi sont une chance pour notre pays, une chance pour faire baisser le chômage et la pauvreté qui nous frappent si cruellement, et encore plus dans les zones rurales pour lesquelles la solidarité nationale commence à agir.

Propos recueillis par Mahdi A.

 
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