Selon le média somalien Garowe Online, « Mesganu Arga, ministre éthiopien des Affaires étrangères, et sa délégation qui comprenait le ministre de la Défense Aisha Mohamed, ont eu des entretiens constructifs visant à rétablir les relations avec leurs homologues lors de leur visite dans la capitale somalienne, jeudi » [1].
Le conseil de sécurité des Nations unies réunie le 27 décembre 2024, a validé la décision prise par l’Union africaine de remplacer la Mission de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), dont le mandat s’achevait le 31 décembre 2024, par la Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) dont les 11 911 membres (11 826 agents en tenue et 85 civils) n’incluaient pas de troupes éthiopiennes. En effet, contrairement à l’ATMIS, l’AUSSOM a été formée sur la base d’accords bilatéraux avec des États choisis par Mogadiscio.
La récente détente survenue entre les deux capitales après la signature de l’Accord d’Ankara le 12 décembre dernier, sous les auspices du président Recep Tayyip Erdoğan, n’a vraisemblablement pas permis d’aplanir complètement les différends causés par le mémorandum signé entre la « région somalienne sécessionniste » du Somaliland et l’Éthiopie le 1er janvier 2024. Les interventions des ambassadeurs somalien et éthiopien au cours de la réunion du Conseil de sécurité sont significatives. Les deux pays sont pris dans des tensions causées par leurs divergences d’intérêts stratégiques, le non-respect de la législation internationale par l’une des parties, mais aussi la pression de leur opinion publique qui se traduit sur les réseaux sociaux. La guerre de l’Ogaden, en dépit du temps, ce passé demeure source de rancœurs entre les deux populations, et lorsque surgit la rancœur, le sens de la nuance s’estompe.
Cet accord survenu entre les deux pays ce vendredi 3 janvier, à l’issue des entretiens tenus à Mogadiscio, qui permettra le déploiement d’un contingent éthiopien au sein de l’AUSSOM, est évidemment salutaire. Il conforte le rapprochement entamé à Ankara.
Cet accord souligne le rôle de Djibouti dans la région
Face à la gravité des enjeux, le rôle joué par Djibouti, dès le surlendemain de la résolution du Conseil de sécurité, en accueillant un premier contact non officiel entre les gouvernements d’Addis Abeba et de Mogadiscio, aura probablement facilité l’harmonisation des positions et permis de mettre fin à une tension qui pouvait menacer la région. Le redressement de la République fédérale de Somalie restera un vœu pieux si tous les États limitrophes ne jouent pas la même partition. Il est possible que des garanties de non ingérence dans les affaires politiques internes de la Somalie aient été apportées par l’Éthiopie, comme la fin des contacts directs avec les entités fédérées somaliennes concernant des questions frontalières, commerciales ou sécuritaires - y compris la fermeture des représentations consulaires - ou encore la question de la relocalisation de positions précédemment tenues par l’armée éthiopienne au sein ATMIS.
La médiation dans l’urgence réalisée par Djibouti pour préserver les acquis de l’accord d’Ankara, en organisant une rencontre de responsables gouvernementaux des deux pays, a sans doute marqué une étape importante vers le résultat obtenu à Mogadiscio ce jour.
Mahdi A.
[1] Compte GaroweOnline sur X.