Que retenir de la 11e réunion du comité conjoint des douanes djiboutiennes et éthiopiennes ?

Les responsables des deux services douaniers se sont retrouvés à Djibouti du 21 au 23 mars dernier. Cette rencontre portait sur des questions relatives à la politique de facilitation douanière dont, notamment, la décision de la douane éthiopienne d’interdire, unilatéralement et sans concertation préalable, la libre circulation de véhicules civils djiboutiens en Éthiopie pour un séjour touristique, le déversement de produits pétroliers sur le marché local, le retour de marchandises non conformes, le transit à l’export des marchandises à partir de l’Éthiopie, la garantie douanière des marchandises, les scellés électroniques, un projet de modification de l’accord de 2008 formulée par la partie éthiopienne en discussion, etc. Un menu bien chargé. Les réunions se sont déroulées à l’hôtel Sheraton et les derniers points ont été réglés dans la nuit du 23 au 24 mars à 4h du matin, c’est-à-dire à l’instant même où commençait le jeûne de ramadan.

Qu’en retenir ?
Beaucoup de choses, mais aujourd’hui un seul point du document paraphé par les deux parties va retenir notre intention : la libre circulation des véhicules particuliers entre les deux pays. D’autres éléments discutés lors de cette rencontre sont évidemment cruciaux, nous y reviendrons dans un prochain article le 9 avril.
Dans l’ensemble les échanges ont été fructueux si l’on se fie au compte-rendu commun aux deux parties. D’ailleurs, quelle meilleure preuve que le communiqué du ministère des Affaires étrangères de ce matin, dimanche 2 avril, qui annonce le retour à la normale pour la circulation des véhicules particuliers djiboutiens.
Apparemment, nos douaniers ont été plus convaincants que nos fringants diplomates. Ils ont notamment souligné les difficultés rencontrées pour se rendre en Éthiopie avec des véhicules particuliers depuis la mise en place de l’obligation de déposer une garantie de plusieurs milliers de dollars pour une autorisation provisoire de circulation de trois mois au maximum. Les discussions douanières furent animées, on peut le dire, mais un esprit empreint de conciliation et de bienveillance des deux parties a amené la douane éthiopienne à revoir ses prétentions. Elle a décidé de « renoncer à l’exigence de garantie douanière, et [opté] que les deux parties conviennent de développer une procédure douanière simplifiée afin d’enregistrer les informations sur les véhicules et les conducteurs sous format accepté par les deux parties au niveau des bureaux respectifs ».

Les choses n’ont pas trainé. À peine une semaine après la réunion du comité conjoint, le ministère des Affaires étrangères confirme que les deux pays ont convenu d’un modus operandi apportant suffisamment de garanties pour permettre un retour à la libre circulation des véhicules particuliers [1].
La nouvelle a été évidemment bien accueilli à Djibouti, notamment à l’approche de la saison estivale où la région de Dire Dawa est une destination prisée par la population djiboutienne. L’économie hôtellerie de Dire Dawa va aussi célébrer cette reprise des affaires, car depuis que la route Galilé-Dire Dawa a été entièrement bitumée, le trajet entre Djibouti-ville et Dire-Dawa a été réduit à moins de cinq heures. Ces dernières années, les Djiboutiens avaient pris l’habitude de s’y rendre aussi pour des week-end prolongés. Ils représentent une clientèle très appréciée du secteur touristique. Les pertes en devises ont dû être énorme avec une interruption de six mois. Il paraît que les hôtels, auparavant pris d’assaut par les familles djiboutiens et où ils étaient difficiles de trouver une chambre, seraient depuis déserts. Cet argument, souligné par l’équipe de la douane djiboutienne, a probablement aussi compter pour la levée des contraintes. Cette ouverture à peine annoncée, de nombreux Djiboutiens s’organisent pour s’offrir quelques jours à Dire Dawa lors des week-end ou des jours fériés de l’Aïd el-Fitr.

Mahdi A.