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Les dames de Sémiramis
 

Dans cette série de portraits nous avons souhaité mettre sous le projecteur le travail de dames du Sémiramis. Nous avons rencontré deux d’entres elles pour nous parler de leur travail, de leur vie, et de leurs espoirs...

Rencontre avec Loula Osman Abdi

Installée en face du centre commercial Casino (ex Sémiramis), Loula Osman Abdi est constamment entrain de confectionner des échantillons de produits artisanaux avec des fibres de palmier de doum.
Domiciliée à Hayabley (Balbala), âgée de 53 ans et mère de 5 enfants de 8 à 17 ans, Loula est une femme travailleuse et appliquée. Elle tient un petit stand où elle expose ses différents produits teintés de couleurs vives pour capter le regard des passants. Présente sur le lieu de 8h du matin à la fermeture du centre Sémiramis, elle a bien volontiers accepté de répondre à nos questions, bien qu’elle soit occupée.

Pourriez-vous nous expliquer d’où vous vient cette passion pour l’artisanat ? Et comment vous êtes-vous retrouvée dans ce milieu ?
C’est par hasard que je suis tombée dans le métier de l’artisanat. Je n’ai malheureusement pas été à l’école plus jeune et ce que je fais je l’ai appris sur le tas en regardant mes consœurs aînées exercer cet art. Un jour, je me suis rapprochée d’elles et je leur ai demandée si je pouvais m’installer à leurs cotés. Elles m’ont bien accueillie et m’ont appris ce que je sais faire maintenant. J’ai pu également me procurer de la paille, une grande aiguille et un bout de tapis pour m’asseoir. Et c’est donc ainsi que j’ai pu me lancer dans ce métier il y a de cela quinze ans, déjà. Vous voyez, c’est la curiosité et peut-être surtout l’envie de pouvoir subvenir à mes besoins.
Vous savez, j’ai fais mes premiers pas en ne sachant même pas distinguer les noms et ni même l’utilité des produits que je vends aujourd’hui. Vous pouvez aisément imaginer que les premiers produits que je vendais n’étaient pas de toute beauté. (Rire…) il faut bien en rater quelques’uns.
A l’époque, le métier de l’artisanat était peu connu et il n’existait pas de cours d’apprentissage ou des écoles qui dispensaient ce type de formation. De plus, ce métier n’attirait pas beaucoup de monde. Tandis qu’aujourd’hui, le commerce artisanal s’est fortement développé ainsi que la technique et les outils utilisés.

Est-ce pour cette raison que vos produits sont chatoyants ? Ce mélange de couleurs est attrayant. Pouvez-vous nous expliquer comment arrivez-vous à les marier ?
Ca a l’air surprenant n’est-ce pas ? (Elle sourit.) C’est assez simple à réaliser, du moins pour ceux qui savent le faire. A la base, les pailles que j’achète, en provenance de la région du nord, ont une couleur beige qui est leur couleur d’origine. Un lot de paille me coûte environ 150 fdj et tandis que le produit colorant me revient à 1000fjd l’unité.
Ces mélanges de couleurs que vous trouvez si charmants s’obtiennent en respectant scrupuleusement un certain mode d’emploi. Par exemple, pour marier deux couleurs, je fais tout d’abord bouillir de l’eau et je rajoute ensuite la couleur que je veux : rouge, jaune, orange, violet.… Puis, je verse ces couleurs en poudre dans une marmite d’eau à moitié pleine et une fois que l’eau est bien chaude, je mets la quantité de pailles que je désire, et ce en mélangeant le tout à l’aide d’un petit bâton. Je les laisse tremper quelques minutes pour qu’elles puissent s’imprégner de la couleur et enfin je les extrais de la marmite. Je les fais sécher et j’obtiens les couleurs que vous voyez là.
Ce qui fait la différence entre mes produits et ceux de mes consœurs c’est le dosage de couleurs. C’est très important. J’applique parfois un mélange de deux couleurs, dont je suis la seule à avoir le secret, et cela donne des résultats étonnants ! (Rire)
Ces produits teintés attirent énormément les clients. Et bien souvent, ils nous interrogent entre autre sur le type de produit utilisé, sa provenance, le temps de préparation, les difficultés rencontrées lors de l’élaboration... Je dois reconnaître que ces nombreuses questions, cette curiosité, nous procure une satisfaction car on s’intéresse à nous, à notre travail et au côté artistique de nos produits. Ces couleurs dites « chaudes » donnent une touche supplémentaire à nos produits artisanaux et reflètent je crois à leurs manières la gaîté et l’enthousiasme de la culture djiboutienne.

Quels sont les différents types de produits artisanaux que vous vendez ? Et pouvez vous nous indiquer celui qui se vend le mieux ?
Les produits artisanaux que je vends sont principalement des portes monnaies, petits coffrets bijoux, paniers géants, plateau de corbeilles, « dabaque »... Je les confectionne à l’aide de fibre de palmier doum.
Les portes monnaies peuvent se présenter sous forme de demi-lune ou coniques avec fermeture éclair. Quant aux paniers géants, ils peuvent mesurer entre 20 et 90 cm de longueur et 20 et 50 cm de hauteur. Ils sont utilisés à différentes fins telles que, le rangement des jouets pour enfants, bac à vêtement pour adultes, et se déclinent sous formes de berceau ou « urnes ». La confection d’un panier géant peut me prendre approximativement entre un et un mois et demi de travail. Je peux réaliser également des produits sur mesure et à la demande du client. Dans ce cas de figure, il doit exprimer son besoin en me décrivant clairement la forme qu’il désire, la dimension souhaitée, et le choix de ses couleurs, tout simplement. En fonction de ses choix, je m’efforce de le satisfaire.
Tous les produits se valent en termes de vente. Il n’y a pas un produit en particulier qui se dégage du lot. Pour vous donner une idée, je dirais que celui qui se vend le mieux est le petit coffret que vous voyez là car il peut servir à différents usages et prendre diverses formes. Certains clients préfèrent aussi le « dabaque » qui peut être soit collé au mur soit posé sur un bureau de travail à titre de décoration.

Vos produits sont-ils destinés à une clientèle particulière ? Arrivez-vous à fidéliser une catégorie de clientèle ?
Nous n’avons pas une clientèle bien spécifique, c’est plutôt un ensemble très disparate. Nos clients sont européens : français, italiens, espagnols mais également des Djiboutiens. Ils achètent généralement nos produits pour offrir en cadeau ou pour décorer leur maison. Au début, si on s’est installées ici, c’est pour effectivement attirer une clientèle européenne et c’est la raison pour laquelle nos heures de travail sont réglées comme l’horloge à celui du centre commercial tant aux heures d’ouverture qu’aux heures de fermeture.
Personnellement, je n’ai pas une clientèle fidèle bien que je sois dans ce métier depuis bien longtemps. Je pense que fidéliser la clientèle européenne n’est pas une mince affaire car nombreux sont ceux qui achètent nos produits artisanaux juste avant de quitter notre territoire définitivement.
Voyez-vous au fil de ces années et en tant que vendeuse de produits artisanaux, j’ai vu des clients passer et j’ai vu également émerger progressivement une clientèle djiboutienne et américaine. Nous réussissons tant bien que mal à fidéliser cette catégorie de client résident, grâce à un meilleur accueil et de vives discussions. Les clients fidèles représentent une manne non négligeable et si notre commerce était florissant autrefois, c’est en partie grâce à eux.

« Était florissant », vous voulez dire qu’à l’heure d’aujourd’hui, il ne rapporte plus ? Que vous rencontrez des difficultés ?
Oui effectivement. Aujourd’hui, les clients se font rares et je dirais même qu’on peut les compter sur le bout des doigts. Le métier de l’artisanat n’est plus ce qu’il a été par le passé. Actuellement il ne nous rapporte juste de quoi faire vivre nos familles. Et pourtant, je passe de longues heures à confectionner des produits. Il faut être patient dans ce métier, c’est la première règle. Si j’ose je dirai qu’il est pénible, mais certainement pas plus que les autres. Et encore, j’ai de la chance de ne pas à avoir à payer de loyer pour l’entreposage de mes produits. Je le dois à la générosité d’un homme qui habite à proximité d’ici et qui m’autorise à utiliser gracieusement un espace dans sa cour.
Quotidiennement, nous ne rencontrons pas de difficultés particulières. Il arrive des fois que des agents de la Police nationale effectuent des descentes. Après interpellation, ils nous font savoir que nous nous trouvons illégalement dans un lieu public, ils nous demandent de quitter le lieu et de ne plus y revenir. Ils sont généralement compréhensifs, ils nous relâchent après quelques heures. Face à ce réel problème nous nous sentons frustrés et ceci est d’autant plus dramatique que nous ne savons pas où aller et quoi faire pour régulariser notre situation. Nous sommes toutes conscientes que ce lieu public n’est pas à nous mais que devons nous faire ? 0ù pourrions nous aller pour poursuivre notre activité sans trop nous éloigner du Sémiramis ?

Justement pourquoi n’avez-vous pas envisagé de vous regrouper en coopérative ou louer un local pour vendre et stocker vos produits artisanaux ou même vous installer ailleurs ?
Vous savez, j’exerce ce métier depuis quinze ans. Confectionner des produits artisanaux est le seul métier que je connaisse et qui jusqu’à ce jour m’a permis de gagner ma vie dignement et de faire vivre ma famille. Notre situation s’est déjà dégradée avec la hausse du pouvoir d’achat. Ces produits artisanaux que vous voyez là n’attirent plus autant de clients qu’auparavant. Aujourd’hui, les clients viennent ici mais ils se contentent de regarder, de discuter avec nous, parfois marchander et puis ils s’en vont sans rien n’acheter.
Si les autorités publiques nous proposent un emplacement proche du centre ville où nous pourrions exposer nos produits, facile d’accès pour les clients, alors là oui nous serions prêtes à partir. Concernant la possibilité de nous regrouper en coopérative, je dois reconnaître que cela m’a déjà efflorée l’esprit. J’aurai bien volontiers acceptée de m’associer avec d’autres consœurs si j’avais une production importante mais ce n’est pas le cas malheureusement. En règle générale, je ne confectionne que lorsque je vends un produit. Je ne peux pas proposer à ma clientèle des produits artisanaux variés, originaux et en grande quantité car je suis limitée financièrement. Pour produire, je dois d’abord vendre ce qui est déjà produit.

N’êtes vous pas au courant qu’il existe des organismes qui octroient du micro-crédit tel que I’ADDS, ou encore la Caisse nationale d’épargne de Djibouti ? Ils peuvent vous aider financièrement si vous avez des projets. Les conditions ne sont pas contraignantes et plus adaptées à la situation sociale de l’emprunteur que les services bancaires traditionnels.
Si, j’en ai vaguement entendu parler. Vous savez, je suis un peu perplexe, voire perdue, lorsqu’on me parle de crédit, de montants mensuels à payer et ces termes techniques. Contracter un crédit suppose sans doute de remplir préalablement un certain nombre de conditions. Il nous arrive souvent de discuter entre collègues et nous avons conclu qu’il n’était pas profitable pour nous de contracter un crédit car nous ne gagnons pas suffisamment. Par contre quand une collègue a des difficultés, on se sert les coudes et on se soutient mutuellement en se prêtant un peu d’argent. Nous avons notre propre système d’entraide. Toutefois, il est très occasionnel et les montants sont dérisoires. Mais s’il existe une structure de crédit solidaire et que celle-ci ouvre réellement ses portes aux « Djiboutiens d’en bas » et si les conditions sont telles que vous me le dites, à savoir remboursement selon la capacité de l’emprunteur et pas de garantie obligatoire pour les sommes contractées, alors je m’y rendrais car j’ai effectivement un projet que je compte réaliser un jour. C’est le cas par exemple de l’achat d’un parasol qui protégerait mes produits artisanaux du soleil. Comme vous les voyez, ils sont exposés au soleil, posés à même le sol. Ils perdent progressivement leurs couleurs flamboyantes sous les effets du soleil. J’envisage également d’acheter une table surélevée d’un mètre par commodité pour que les clients ne soient pas contraints de s’abaisser ou de s’accroupir et aussi pour que mes produits artisanaux soient les plus en vus. Aussi, je désire m’associer avec une autre collègue pour nous spécialiser dans la confection des paniers géants, ils rapportent plus que les autres produits artisanaux mais ils requièrent plus de temps de travail.
Auparavant, je ne pouvais pas entreprendre ces initiatives car je n’avais aucune idée de la manière dont j’aurai pu financer mes projets. Grâce à l’information que vous venez de me communiquer, je vais tenter ma chance là-bas. Si vous me le permettez, je souhaiterai adresser un message aux pouvoirs publics, en leur disant qu’il faut encourager nos métiers, nous aider à mieux nous faire connaître. Nous défendons en quelque sorte la perpétuation d’une tradition.

Idéalement placée entre le croisement de la rue Clochette avec l’angle de la Banque BCIMR, Aïcha Abdi Bouh affiche fièrement ses produits artisanaux à la vue des clients. Assise sur une natte et au milieu de ces objets d’art, nous l’avons rencontré et voulu dresser son portrait ; portrait d’une femme humble faisant son petit bout de chemin contre vents et marées. En dépit d’un récit dépourvus de tout zeste d’idéalisme et reflétant une réalité frappante, elle arbore un regard extrêmement fier et volontaire. L’interview se passe sur le trottoir à même le sol où ces femmes s’activent de leurs mains pour réaliser des produits artisanaux.

Bonjour madame Aicha Abdi, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Oui, volontiers ! Je me nomme Aicha Abdi Bouh et je réside à Balbala 2 biakeyd juste en amont de la cité Hodane. Je suis mariée et mère de sept enfants. Mon fils aîné est âgé de 30 ans. J’ai également un fils qui vit en Éthiopie et un autre qui est marié mais ne travaille pas. J’exerce ce métier depuis fort longtemps pour subvenir aux besoins de ma famille.

Je vois que vous travaillez assez loin de votre quartier, ceci est-il un inconvénient ?
Un inconvénient ? Bien évidemment. J’aurais souhaité travailler tout près de chez moi et ne pas être contrainte d’effectuer le déplacement quotidien entre Balbala et mon lieu de travail. Mais malheureusement c’est impossible car les clients potentiels sont plus nombreux en ville. Je dirais surtout que cela représente un coût. Vous savez, j’utilise quotidiennement les transports en commun et ceci n’est pas facile. Payer 100fdj tous les jours, soit 3000 fdj par mois n’est pas négligeable pour des personnes comme nous qui ont des revenus modestes. Cependant, j’ai la chance de ne pas être obligé de transporter toute ma marchandise à la fin de chaque journée J’entrepose mes produits artisanaux et mes outils de travail dans le local d’un proche de ma famille situe tout près d’ici.

Justement parlez-nous de votre travail qu’on peut sans exagération qualifié d’artistique ?
Comme vous le voyez, j’exerce à même le trottoir, et c’est plutôt un boulot éprouvant, avec des journées très longues car je suis là depuis 6 heures du matin, sans arrêter si ce n’est juste pour manger. Je confectionne ces différents produits artisanaux destinés à la vente. Je ne rentre chez moi qu’au crépuscule, nous avons jusqu’à douze heures de travail journalier. C’est un rythme parfois éprouvant auquel il faut ajouter des bruits, les klaxons des automobiles, la poussière et la pollution. Depuis le temps, on finit tant bien que mal à s’y habituer. Les clients que nous rencontrons semblent accorder une importance au coté artistique de nos produits, ils les comparent à d’autres produits de pays voisins. Certains d’entre eux font attention au détail, à nos gestes et nous questionnent bien souvent sur notre travail. Il arrive que les clients nous demandent de leur montrer comment nous confectionnons nos produits. Cela nous réjouit d’autant plus que certains clients s’intéressent à ce que nous faisons car nous les réalisons avec passion et dévouement et que d’autres nous encouragent à aller de l’avant et à pérenniser cet art.
 
Pouvez-vous nous expliquer comment s’est déroulé votre apprentissage ?
Si j’ai pu apprendre ce que je sais faire c’est grâce à ma mère qui a été la première à m’initier à ce travail manuel. Elle faisait ce métier bien avant l’indépendance de notre pays en 1977, et elle continuait de le faire encore jusqu’à peu. Elle est souffrante et se rendre à son lieu de travail était un supplice. Je m’affaire beaucoup plus à sa place ces derniers temps. J’ai pris la relève, si je peux m’exprimer ainsi. (Sourire.)
J’ai baigné dans cette ambiance depuis mon plus jeune âge car je l’accompagnais à cette même place en étant enfant.
Je n’ai pas été à l’école, ni suivi une formation pour apprendre ce que je sais, je l’ai appris en faisant extrêmement attention à chaque geste de ma mère. Vous savez si je travaille ici c’est pour perpétuer le savoir faire de ma mère et d’une certaine manière la tradition djiboutienne.

C’est courageux de votre part de vouloir continuer dans cette voie mais j’imagine aussi que vous avez rencontré des difficultés n’est-ce pas ? Comment les avez-vous surmontées ?
Comme je vous l’ai dit, compte tenu de l’âge avancé de ma mère, il fallait que quelqu’un reprenne le flambeau. Je ne regrette pas et je vous dirais même que je ressens une certaine fierté. Néanmoins, le revers de la médaille est que tout n’est pas rose. Effectivement, je rencontre des difficultés et je préciserais même que nous subissons une crise majeure qui frappe notre commerce. Et je crois qu’on ne verra pas le bout du tunnel de si tôt. Bien que nous comptions une grande partie de clients nationaux. L’essentiel de notre clientèle est à majorité étrangère (coopérants, touristes, militaires etc.). Depuis quelque temps, les clients se font rares. Constatez par vous même, aucun client ne s’est arrêté depuis ce matin, ni même cet après-midi d’ailleurs !
Nous nous consacrons à la confection des produits artisanaux car certains nécessitent entre un à deux mois de travail, pourtant ils restent exposés parfois jusqu’à deux à trois mois sans trouver acheteur.
Cependant, il ya encore quelques années nous pouvions vivre de ce travail.
Aujourd’hui il m’arrive d’emprunter les frais de transport pour me rendre à mon travail. C’est vraiment insoutenable et déprimant de savoir que l’on travaille d’arrache-pied pour gagner des miettes. Bien entendu, le tableau du commerce artisanal n’est pas tout noir ! La situation n’est pas la même pour nous toutes. Certaines réalisent des profits alors que d’autres moins voire pas du tout. Comme on dit souvent « aujourd’hui c’est pour toi, demain c’est pour ton voisin ». (Rire.) Me concernant, je dirais que pendant toute cette semaine, je n’ai pas réussi, à vrai dire, à dégager un bénéfice. Des fois, il arrive que je gagne entre 10 000 fdj et 15 000fdj et je dis dans ce cas que la semaine a été bonne. (Sourire.)

Face à ces difficultés, avez-vous déjà entrepris des démarches auprès des autorités locales pour demander un soutien financier ? Pensez-vous que les choses vont évoluées ? Et dans ce cas quel serait l’idéal pour vous ?
Malheureusement non. Et d’ailleurs, nous ne sommes membres d’aucune organisation financière, je n’ai accès à aucun crédit ni emprunt. Le paradoxe est d’autant plus flagrant que nous sommes installés face à une banque et je n’ai jamais songé à contracter un crédit, sans doute parce que je n’y ai pas vraiment réfléchi puisque j’ai toujours pensé que c’était inaccessible pour moi. D’ailleurs, emprunter signifie devoir rembourser un jour mais aussi s’acquitter d’interminables intérêts. Vous savez aucun membre de ma famille ne travaille dans l’administration publique. Nous vivons grâce aux petits boulots et du travail journalier que nous faisons bien qu’ils soit souvent mal rémunéré.
Lorsque nous mettons en commun nos revenus nous arrivons à avoir juste de quoi vivre. Pour ce qui est de la demande d’aide financière de l’État, je suppose que c’est une peine perdue. En revanche, ce que je demanderai aux pouvoirs publics c’est qu’ils accordent un peu plus d’attention à notre situation et qu’ils s’intéressent à ce que nous faisons, car si demain toutes ces dames que vous voyez là arrêtent de travailler alors notre pays perdrait un peu de son âme. Nous n’avons pas un interlocuteur direct avec qui nous aurions pu discuter et vers qui formuler nos attentes, c’est regrettable ! Nous aurions aimé, à l’instar de ce qui se fait dans certains pays voisins, que l’État institue un partenariat d’échange, de savoir-faire et de connaissance avec d’autres institutions, d’autres pays... Mais aussi surtout qu’il agisse afin de mieux faire connaître notre métier auprès des Djiboutiens, c’est eux qui devrait être nos clients cibles. Notre travail souffre d’un manque de visibilité.
Tous les matins, je me réveille en ayant l’espoir que les choses évolueront dans le bon sens. L’idéal serait que de nouveaux clients affluents... Je formule l’espoir qu’ils soient nombreux à venir nous voir à la suite de la publication de votre article. (Rire.) Sérieusement, je souhaite juste que mes produits se vendent un peu mieux afin d’améliorer mon quotidien.
 
Propos recueillis par Abdoulrazak Mahamoud Djibril et Ahmed Àbdourahman Cheick

 
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