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Se départir des énergies qui contribuent à la crise climatique
 

D’après une étude du PNUD, pour chaque dollar promis pour lutter contre la crise climatique au profit des populations pauvres dans le monde, quatre dollars sont dépensés en subventions aux combustibles fossiles qui entretiennent la crise climatique.
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) lance une nouvelle campagne Don’t Choose Extinction (« Ne choisissez pas l’extinction ») [1] visant à sensibiliser le public aux effets néfastes, pour la planète et ses habitants, des subventions aux énergies fossiles - avec en tête d’affiche des célébrités mondiales

Le monde dépense annuellement la somme colossale de 423 milliards de dollars pour subventionner les combustibles fossiles au profit des consommateurs - pétrole, électricité produite par d’autres combustibles fossiles, gaz et charbon. Ce montant est, selon une nouvelle étude du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publiée aujourd’hui, quatre fois supérieur à celui qui est demandé pour aider les pays pauvres à lutter contre la crise climatique, l’un des points de friction de la conférence mondiale sur le climat, COP 26, qui s’ouvre la semaine prochaine.
Le montant consacré directement à ces subventions permettrait de financer l’acquisition d’un nombre suffisant de vaccins contre la Covid-19 pour l’ensemble de la population mondiale, ou représente trois fois le montant annuel nécessaire pour éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde. Si les coûts indirects, y compris les coûts pour l’environnement, sont pris en compte dans ces subventions, le chiffre s’élève à près de 6 000 milliards de dollars US, selon des données publiées récemment par le Fonds monétaire international (FMI).

L’analyse du PNUD souligne au contraire que ces fonds, payés par les contribuables, finissent par creuser les inégalités et entraver l’action contre le changement climatique.
« La pandémie de COVID-19 a mis à nu des aspects dépassés de l’économie mondiale. Il s’agit notamment du fait que le monde continue de dépenser des milliards de dollars en subventions aux combustibles fossiles, alors que des centaines de millions de personnes vivent dans la pauvreté et que la crise climatique s’accélère. Dans ce contexte, nous devons nous demander si les subventions aux combustibles fossiles constituent une utilisation rationnelle de l’argent public », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD. 
Les aides aux combustibles fossiles sont à la fois inefficaces et inéquitables. Dans les pays en développement, environ la moitié des ressources publiques allouées à la consommation de combustibles fossiles profite aux 20 % les plus riches de la population, selon le FMI.
« La question des subventions aux combustibles fossiles est un sujet politiquement délicat, mais les faits montrent qu’une réforme est non seulement, nécessaire, mais également que, si elle est correctement menée, elle bénéficie aux pauvres, crée des emplois et protège la planète », a indiqué George Gray Molina, économiste principal du Bureau d’appui aux politiques et aux programmes du PNUD et co-auteur de l’étude. « Nous espérons que cette étude stimulera le débat sur le rôle essentiel que la réforme peut avoir pour conduire des transitions écologiques équitables dans tous les pays. »
Le rapport est publié avant les prochaines réunions du G20 et de la COP 26, dans le contexte d’une reconnaissance grandissante, par les économistes et les décideurs, le MI et la Banque mondiale, de la nécessité de réformer les subventions aux combustibles fossiles. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a également lancé un appel pressant en faveur d’une telle réforme.

Pour mettre en lumière les effets extrêmement négatifs des subventions aux combustibles fossiles sur les populations et la planète, le PNUD a produit un court métrage captivant dans le cadre d’une nouvelle campagne, dans lequel l’un des animaux disparus les plus connus, un dinosaure, prononce un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies, exhortant les dirigeants du monde à renoncer aux subventions aux combustibles fossiles et à « ne pas choisir l’extinction ».
Menée par des célébrités du monde entier, la campagne Don’t Choose Extinction (« Ne choisissez pas l’extinction ») vise à sensibiliser le public à la façon dont les subventions aux combustibles fossiles annulent les progrès significatifs réalisés jusqu’ici dans le combat contre le changement climatique et creusent les inégalités en profitant aux riches.

Le principal responsable de l’urgence climatique est le secteur de l’énergie, qui est à l’origine de 73 % des émissions de gaz à effet de serre anthropiques. La réforme des subventions aux combustibles fossiles contribuerait à réduire les émissions de CO2 et serait bénéfique pour la santé et le bien-être des populations. Elle constitue un premier pas vers une tarification correcte de l’énergie, qui reflète le coût « réel » et complet de l’utilisation des combustibles fossiles pour la société et l’environnement.
Cependant, l’analyse du PNUD montre qu’une réforme des subventions aux combustibles fossiles peut également être injuste et préjudiciable pour les ménages et la société si elle est mal conçue. Si les aides aux combustibles fossiles ont tendance à être un outil inégalitaire - la part du lion des avantages revenant essentiellement aux riches - ces subventions représentent également une part importante du revenus des populations pauvres. La suppression des subventions aux combustibles fossiles pourrait donc facilement devenir un facteur de paupérisation et de fragilité énergétique. Cela contribue à rendre difficile une réforme du financement des combustibles fossiles et constitue un obstacle majeur à la transition vers des sources d’énergie propres et renouvelables.
Dans cette optique, l’étude du PNUD plaide pour une réponse progressive et graduelle des réformes. Elle analyse drd exemples de réussite recueillis dans plusieurs pays de différentes régions et propose une « boîte à outils » aux décideurs pour faciliter les réformes des subventions aux combustibles fossiles et des prix de l’énergie. Cette boîte à outils permet une approche progressive, juste et équitable, qui inclut des mécanismes de protection des revenus et de compensation en faveur des groupes les moins favorisés.
« Lorsque nous réfléchissons aux voies et moyens de financer la lutte contre le changement climatique, les subventions aux combustibles fossiles font que nous partons effectivement d’un point de moins 423 milliards de dollars », a ajouté Achim Steiner. « La réforme n’est pas facile et la transition vers des énergies propres présente une série de défis difficiles à surmonter dans de nombreux pays. Aussi, chaque pays doit suivre sa propre voie. Mais nous savons aussi que nous devons nous départir de ces sources d’énergie qui contribuent au déclin de notre planète. Mettre fin à leur soutien financier d’une manière juste et équitable reste un élément essentiel de cette transition. Le récent rapport du GIEC, que le secrétaire général des Nations unies a qualifié d’“alerte rouge” pour l’humanité, montre que seules les actions climatiques les plus ambitieuses permettront de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. C’est le choix qui s’impose, d’après la science, pour éviter une catastrophe climatique ».
« Le PNUD Djibouti s’engage à travailler avec le gouvernement et la population de Djibouti pour les aider à devenir 100 % renouvelables d’ici 2035. Le changement climatique est l’affaire de tous. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer et peut faire la différence", a ajouté Fatima Elsheikh, représentante résidente du PNUD à Djibouti.

La campagne Don’t Choose Extinction s’appuie sur une plateforme d’intelligence collective, le Global Mindpool, pour aider à remédier aux grands problèmes de notre temps. En reliant des enseignements recueillis à travers le monde - sur l’urgence climatique, la crise de la nature et les inégalités - le Global Mindpool aidera le PNUD à mieux informer et équiper les décideurs des gouvernements, de la société civile et du secteur privé.

Kenedid Ibrahim Houssein


[1Voirl le site dontchooseextinction.com.

 
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