Hier, lundi 17 juin, le procureur de la République, Aïd Ahmed Ibrahim, a tenu un point de presse sur les fuites supposées des sujets du baccalauréat 2019. Il a donné plus de détails sur cette affaire qui jette l’opprobre sur le système éducatif djiboutien. Nous reproduisons ci-dessous sa déclaration.
« Comme chaque année au début du mois de juin, débute le rite immuable des épreuves du baccalauréat, toutes filières confondues. Le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle accompagne et assure l’égalité des chances de tous les élèves pour le passage de cette épreuve, tant pour les futurs bacheliers que pour leurs parents.
Or, cette année des infractions pénales ont été commises concernant l’épreuve du baccalauréat de la session 2019.
A travers les réseaux sociaux, encore une fois, il y a un déversement de désinformations à l’adresse, non seulement de la jeunesse facilement influençable, mais aussi des familles djiboutiennes...
Comme vous le savez, je n’interviens dans les médias nationaux que de manière très sporadique, et pour des faits très délicats, préférant toujours privilégier la sérénité propre à la Justice.
Je me dois donc, aujourd’hui, de rétablir certaines vérités, même s’il ne m’est pas agréable de les citer, compte-tenu de la gravité des infractions commises.
Une confusion intentionnelle est maintenue à travers les dits réseaux sociaux sur les poursuites en cours. Le tribunal correctionnel siégeant en procédure de flagrant-délit a à connaitre trois procédures pénales distinctes, relatives directement aux épreuves du baccalauréat 2019. La première affaire concerne sept personnes poursuivies pour faux et usage de faux. Parmi ces sept personnes, il faut noter la présence d’un adulte, de surcroît militaire de carrière, passant cet examen en candidat libre. Il a sollicité le concours d’un étudiant de l’université de Djibouti pour passer cette épreuve à sa place. Pour ce faire, ils ont établi de fausses pièces d’identité. L’usurpateur a revêtu également l’uniforme de l’armée pour se fabriquer cette fausse identité. Au moment du passage de l’examen, il a été reconnu par un des enseignants présents, dont c’était un ancien élève. L’étudiant a alors proféré des menaces de mort à l’encontre dudit enseignant. Ils ont tous deux reconnu les faits qui leur sont reprochés, tant devant les enquêteurs de la police nationale, que lors de leur présentation au Parquet.
La deuxième affaire, concerne une poursuite pénale à l’encontre d’une enseignante pour diffamation. En effet, cette enseignante a écrit et diffusé sur les réseaux sociaux des critiques sous le pseudonyme de « Bullo Qareen ». Enseignante, elle est soumise au devoir de réserve et à l’obligation de discrétion. Cette fonctionnaire a failli à ses devoirs...
En outre, contrairement à ce qui circule sur les réseaux sociaux, il suffit juste de référer à ses « posts » diffusés sur sa page Facebook pour voir qu’elle n’a jamais fait l’objet d’une garde-à-vue dans des conditions “inhumaines”. Elle a pu se rendre à l’hôpital Peltier, ainsi qu’au centre de maternité Dar El Hanan pour son suivi. Durant la période, inférieure à 24 heures, de sa garde-à-vue, l’enseignante était installée dans un bureau climatisé… Ce qui est très loin des insinuations colportées sur le réseau social Facebook.
La troisième affaire est relative à six enseignants poursuivis pour des faits de corruption passive. Pour trois d’entre-eux, cette corruption passive prend la forme de faveurs sexuelles imposées en échange des sujets supposés du baccalauréat. Bien évidemment, il n’en est rien. Il s’agit de faux sujets qu’ils ont par la suite adressés à leurs victimes. Pour les trois autres, c’est le paiement de sommes d’argent allant de 40 000 FDJ à 120 000 FDJ, toujours en contrepartie encore de faux sujets de l’examen du baccalauréat.
L’enquête, minutieusement menée par les enquêteurs de la police nationale a permis de réunir toutes les preuves matérielles (audio, téléphonique, photographique) prouvant les agissements délictueux de ces enseignants. Ils encourent des peines d’emprisonnement fermes allant au maximum à dix années. »