Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu, le 11 septembre 2025, la consultation au titre de l’article IV [1] avec Djibouti et a examiné et approuvé l’évaluation de ses agents sans se réunir, en raison de l’expiration du délai.
La croissance récente et prévisible de Djibouti reste stable, avec une inflation modérée, soutenue par le marché expansif de l’Éthiopie et un transbordement important dans un contexte de tensions en mer Rouge. La situation budgétaire et les réserves se sont améliorées en 2024 après une brève période de dépassements budgétaires. Dans un contexte mondial difficile, l’accent mis par les autorités sur la stabilité macroéconomique, la viabilité de la dette et la diversification économique pour soutenir la création d’emplois est louable.
Les priorités de Djibouti sont de réduire la dette et de continuer à reconstituer ses réserves, grâce à des négociations en cours et à une gestion budgétaire prudente. Si les recettes publiques sont limitées par rapport aux besoins de dépenses pour le développement et le service de la dette, certains segments des entreprises publiques affichent une rentabilité solide. La mobilisation de leurs dividendes pour le service de la dette et la constitution de réserves, la mise en œuvre de réformes visant à améliorer l’efficacité des entreprises publiques, la normalisation des régimes fiscaux afin d’élargir l’assiette fiscale, la limitation des dépenses non essentielles et l’application d’une stratégie de dette à moyen terme restent des priorités essentielles.
Le développement du secteur privé est essentiel pour stimuler l’emploi formel. Le renforcement des investissements dans la santé et l’éducation afin de renforcer le capital humain, la réduction substantielle des exonérations fiscales et la mise en œuvre de réformes dans le secteur de l’énergie sont des éléments essentiels pour construire une croissance plus inclusive.
Djibouti est bien placé pour tirer parti de sa résilience économique afin de relever les défis budgétaires et de développement. Djibouti a bien géré les chocs récents, maintenant une croissance solide malgré les tensions en mer Rouge, avec une inflation modérée et des réserves en hausse. Les investissements logistiques réalisés au cours de la dernière décennie ont stimulé la croissance et la transformation économique, mais ont accru la dette extérieure, laissant une marge de manœuvre budgétaire limitée compte tenu des besoins de développement. Dans un contexte mondial difficile, l’accent mis par les autorités sur la stabilité macroéconomique, la viabilité de la dette et la diversification économique pour soutenir la création d’emplois est louable.
La croissance reste robuste malgré les conflits régionaux. Elle devrait avoir dépassé 6,5 % du PIB en 2024, grâce à l’augmentation des activités de transbordement et à l’expansion des secteurs de la construction, du commerce, des télécommunications et du tourisme. La modération des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie a contribué à contenir l’inflation. En 2024, un assainissement budgétaire substantiel a été réalisé, ce qui a contribué à reconstituer les réserves et à compenser en partie la baisse observée depuis la fin de 2023 ; toutefois, le niveau des réserves reste inférieur à la base monétaire. Le projet des autorités de maintenir un assainissement budgétaire rigoureux, visant un excédent public cette année et un budget équilibré à moyen terme, est bienvenu.
Les perspectives sont positives, mais elles sont confrontées à des risques dans un contexte d’incertitude mondiale. La croissance devrait rester forte, à environ 6 % en 2025, puis se stabiliser à près de 5,5 % à moyen terme, principalement grâce à la forte demande de services portuaires en Éthiopie. L’inflation devrait rester modérée, en phase avec les prix mondiaux de l’énergie et des denrées alimentaires. Les risques extérieurs comprennent l’instabilité accrue dans la Corne de l’Afrique, avec des migrations susceptibles de peser sur les conditions sociales dans un contexte de marge de manœuvre budgétaire réduite, de diminution de l’aide au développement, de nouvelle concurrence des ports voisins et de changements politiques mondiaux susceptibles d’affaiblir le dollar et le franc djiboutien, ce qui stimulerait les exportations de services mais augmenterait l’inflation.
Djibouti doit rétablir la viabilité de sa dette et reconstituer ses réserves grâce à une combinaison de mesures d’assainissement budgétaire, de réforme des entreprises publiques et de négociations sur la dette. Le règlement de tous les arriérés et la finalisation des négociations sur la dette sont essentiels pour rétablir la viabilité de la dette, parallèlement à la maîtrise de la dette publique et de la dette garantie par l’État grâce à des plafonds quantifiés et appliqués à la fois à la dette des entreprises publiques et à celle de l’administration centrale. Ces mesures doivent être complétées par un assainissement budgétaire durable. Pour soutenir ces progrès, il est impératif de veiller à la mise en œuvre effective des mesures relatives aux recettes et aux dépenses décrites dans le plan d’action 2024-2027 des autorités pour les réformes budgétaires, ainsi que de rationaliser les dépenses fiscales associées aux régimes dérogatoires.
Les agents du FMI saluent l’engagement des autorités à accélérer la réforme de la gouvernance des entreprises publiques. La mise en œuvre rapide du Code de bonne gouvernance des entreprises publiques, notamment par la collecte des états financiers de toutes les entreprises publiques afin de permettre le suivi des performances, ainsi que l’application d’une politique de dividendes transparente et le désendettement progressif des entreprises fortement endettées, contribueront à assurer la viabilité de la dette. En outre, Ils encouragent les autorités à examiner le portefeuille des entreprises publiques afin de déterminer s’il convient de conserver, de restructurer ou de céder chaque entité afin d’améliorer l’efficacité du secteur. Les autorités devraient également appliquer une approche fondée sur le marché aux pratiques de règlement financier entre les entreprises publiques et l’État.
S’appuyant sur la récente reprise des réserves, les autorités devraient poursuivre une stratégie globale visant à renforcer le comité monétaire. Parallèlement à la modification de la loi sur le CBD afin de renforcer son autonomie et à la mise en œuvre progressive des réserves obligatoires, le CBD devrait envisager de conserver ses bénéfices futurs afin de renforcer davantage ses réserves. En outre, le maintien de l’assainissement budgétaire et l’utilisation des dividendes des entreprises publiques rentables, y compris les anciennes entités du fonds souverain, restent des mesures essentielles pour minimiser la récurrence des découverts.
Accélérer les réformes visant à stimuler l’investissement privé, diversifier l’économie et créer des emplois permettrait de soutenir davantage l’engagement des autorités en faveur d’une croissance inclusive. L’uniformisation des règles du jeu entre les entreprises opérant sous le régime général et celles opérant sous le régime spécial, ainsi que la réduction des coûts de l’électricité grâce à la limitation de la surconsommation des organismes publics et à l’amélioration du recouvrement des factures, renforceront la dynamique des investissements à Djibouti. Il est essentiel d’améliorer le financement des PME et de renforcer l’éducation et la formation professionnelle dans le cadre du plan directeur pour l’éducation 2021-2035 afin de favoriser la croissance du secteur privé et la mise en œuvre efficace de la stratégie nationale de développement « Vision 2035 ».
Une couverture de données de haute qualité soutiendra l’élaboration des politiques et renforcera la surveillance. Les autorités ont pris des mesures importantes pour améliorer la diffusion et la qualité des statistiques macroéconomiques et sont déterminées à améliorer encore la couverture et la cohérence des données relatives aux comptes nationaux, budgétaires et extérieurs, conformément aux exigences de l’Accord de droit d’accès (ADA). Les progrès réalisés dans les méthodes de compilation des données et la publication en temps utile des statistiques amélioreront encore l’analyse économique et l’élaboration des politiques.
Indicateurs économiques et financiers, 2022-2030
Comptes nationaux (évolution annuelle en pourcentage)
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| PIB réel | 4,4 | 5,2 | 7,4 | 6,5 | 6,0 | 6,0 | 6,0 | 5,5 | 5,5 | 5,5 |
| Prix à la consommation (moyenne annuelle) |
1,2 | 5,2 | 1,4 | 2,1 | 1,6 | 1,5 | 1,4 | 1,4 | 1,4 | 1,4 |
| Prix à la consommation (fin de la période) |
2,5 | 3,6 | 3,7 | -0,6 | 1,8 | 1,6 | 1,5 | 1,4 | 1,7 | 1,6 |
Épargne et investissements (en pourcentage du PIB)
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| Investissement en capital fixe | 29,7 | 29,0 | 24,5 | 26,1 | 26,1 | 26,0 | 26,0 | 26,1 | 26,5 | 26,7 |
| dont hors gouvernement | 22,3 | 23,8 | 17,9 | 20,8 | 21,1 | 20,5 | 20,5 | 20,6 | 21,1 | 21,3 |
| dont gouvernement | 7,3 | 5,2 | 6,6 | 5,3 | 5,0 | 5,5 | 5,5 | 5,5 | 5,4 | 5,4 |
| Épargne nationale brute | 23,1 | 47,9 | 42,6 | 40,2 | 34,2 | 33,6 | 33,9 | 34,2 | 34,8 | 35,0 |
| Balance épargne/investissements | -6,6 | 19,0 | 18,1 | 14,1 | 8,1 | 7,6 | 7,9 | 8,1 | 8,3 | 8,3 |
Comptes de l’État (en pourcentage du PIB)
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| Recettes et subventions | 20,1 | 19,5 | 18,1 | 18,0 | 19,0 | 18,8 | 18,6 | 18,5 | 18,4 | 18,2 |
| dont recettes fiscales | 11,6 | 11,7 | 11,1 | 11,0 | 11,2 | 11,3 | 11,4 | 11,4 | 11,5 | 11,6 |
| dont recettes non fiscales | 6,7 | 6,8 | 5,2 | 5,9 | 6,7 | 6,4 | 6,1 | 5,9 | 5,7 | 5,5 |
| Aide | 1,8 | 1,1 | 1,7 | 1,1 | 1,1 | 1,1 | 1,1 | 1,1 | 1,1 | 1,1 |
| Dépenses | 23,1 | 21,0 | 21,5 | 20,6 | 20,1 | 19,6 | 19,2 | 18,8 | 18,5 | 18,1 |
| Dépenses courantes | 15,8 | 15,7 | 14,9 | 15,3 | 15,0 | 14,1 | 13,7 | 13,3 | 13,0 | 12,7 |
| Investissements | 7,3 | 5,2 | 6,6 | 5,3 | 5,0 | 5,5 | 5,5 | 5,5 | 5,4 | 5,4 |
| Financement propre | 4,7 | 3,2 | 3,9 | 3,6 | 3,1 | 3,8 | 4,6 | 4,9 | 5,4 | 5,4 |
| Financement extérieur | 2,9 | 2,0 | 2,6 | 1,7 | 2,0 | 1,7 | 0,8 | 0,6 | 0,1 | 0,0 |
| Covid-19, dépenses d’urgence | 0,7 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 |
| Solde global (base d’engagement) |
-3,1 | -1,5 | -3,5 | -2,6 | -1,0 | -0,8 | -0,6 | -0,3 | -0,1 | 0,1 |
| Évolution des arriérés | 0,4 | 1,2 | -0,2 | -0,5 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 |
| Solde global (caisse) |
-2,7 | -0,3 | -3,7 | -3,1 | -1,0 | -0,8 | -0,6 | -0,3 | -0,1 | 0,1 |
| Dette publique totale et dette garantie par l’État |
71,5 | 69,0 | 69,9 | 68,9 | 67,2 | 62,3 | 56,9 | 50,1 | 44,0 | 38,5 |
Secteur monétaire (Variation annuelle en pourcentage de la masse monétaire)
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| Monnaie | 5,3 | -1,7 | 7,8 | 3,4 | 4,7 | 5,0 | 5,1 | 5,7 | 5,5 | 5,9 |
| Actifs étrangers nets | -2,4 | -7,7 | -0,4 | -6,5 | 2,9 | 2,7 | 2,0 | 2,4 | -3,2 | 1,1 |
| Actifs intérieurs nets | 7,7 | 6,0 | 8,3 | 9,9 | 1,9 | 2,3 | 3,1 | 3,4 | 8,7 | 4,8 |
| dont : créances sur l’État (net) | 2,3 | -0,6 | 3,6 | 4,3 | -0,2 | -0,3 | -0,3 | -0,2 | -0,2 | -0,1 |
| dont : créances sur les autres | 2,8 | 5,8 | 5,4 | 5,7 | 4,1 | 4,3 | 4,5 | 4,7 | 4,9 | 5,1 |
| Crédit aux organismes non gouvernementaux (en %age du PIB) |
26,8 | 29,9 | 30,9 | 32,0 | 32,4 | 32,5 | 32,8 | 33,5 | 34,5 | 35,2 |
Echanges externes (en millions de $US)
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| Balance courante | -224 | 675 | 708 | 604 | 373 | 381 | 427 | 469 | 509 | 545 |
| (en %age du PIB) | -6,6 | 19,0 | 18,1 | 14,1 | 8,1 | 7,6 | 7,9 | 8,1 | 8,3 | 8,3 |
| Solde du compte courant 1/ | -224 | 192 | 298 | -15 | 73 | 69 | 110 | 152 | 194 | 238 |
| (en %age du PIB) | -6,6 | 5,4 | 7,6 | -0,4 | 1,6 | 1,4 | 2,0 | 2,6 | 3,2 | 3,6 |
| Dette publique et garantie | 2 423 | 2 455 | 2 738 | 2 985 | 2 951 | 2 823 | 2 691 | 2 549 | 2 394 | 2 260 |
| (en %age du PIB) | 71,4 | 68,9 | 69,9 | 69,6 | 64,0 | 56,4 | 49,8 | 44,1 | 39,0 | 34,5 |
| Investissements directs étrangers | 167 | 187 | 137 | 68 | 102 | 120 | 128 | 133 | 135 | 136 |
| (en %age du PIB) | 4,9 | 5,2 | 3,5 | 1,6 | 2,2 | 2,4 | 2,4 | 2,3 | 2,2 | 2,1 |
| Exportations de biens et services (variation en %age) | 39,7 | 10,0 | 3,6 | -10,7 | 26,7 | 6,8 | 7,8 | 8,3 | 8,3 | 8,3 |
| Importation de biens et services (variation en %age) | 60,1 | -7,1 | 3,4 | -9,5 | 33,8 | 7,1 | 7,6 | 8,1 | 8,2 | 8,3 |
| Réserves officielles brutes | 578 | 581 | 494 | 338 | 393 | 444 | 483 | 527 | 569 | 609 |
| (En mois d’importation de l’année précédente, hors réexport) | 5,5 | 5,6 | 3,7 | 2,4 | 2,6 | 2,9 | 3,0 | 3,1 | 3,2 | 3,3 |
| Actifs étrangers bruts des banques commerciales | 2 026 | 1 751 | 1 761 | 1 758 | 1 809 | 1 826 | 1 855 | 1 690 | 1 688 | 1 675 |
| (En mois d’importation de l’année précédente, hors réexport) | 19,3 | 16,8 | 13,1 | 12,6 | 12,1 | 11,8 | 11,5 | 10,0 | 9,5 | 9,1 |
| Taux de change (FD/$US) | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 | 177,7 |
| Taux de change effectif (moyenne annuelle, 2010=100) | 96,1 | … | ||||||||
| (Variation en %age) | -4,4 | … |
Memorandum
| 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | 2028 | 2029 | 2030 | |
| PIB (en millions de FD) | 602 971 | 633 187 | 696 160 | 762 621 | 819 904 | 889 110 | 960 745 | 1 027 130 | 1 089 802 | 1 165 581 |
| PIB (en millions de $US) | 3 393 | 3 563 | 3 917 | 4 291 | 4 613 | 5 003 | 5 406 | 5 779 | 6 132 | 6 558 |
| PIB par habitant ($US) | 3 385 | 3 506 | 3 804 | 4 114 | 4 369 | 4 681 | 5 000 | 5 286 | 5 546 | 5 873 |
| Population (en million) | 1,002 | 1,016 | 1,030 | 1,043 | 1,056 | 1,069 | 1,081 | 1,093 | 1,106 | 1,117 |
Voir le communiqué en anglais en ligne sur le site du FMI.
[1] En vertu des statuts du FMI, la publication des documents relatifs aux pays membres est volontaire et nécessite le consentement de ces derniers. Les autorités ont demandé un délai supplémentaire pour se prononcer sur la publication du rapport du personnel. Une décision finale devrait être prise au plus tard 28 jours après la date d’examen par le Conseil d’administration.