D’après des communiqués de la présidence.
Ismail Omar Guelleh s’est rendu à Addis-Abeba ce vendredi 14 février pour participer au 38e sommet ordinaire de l’Union africaine, réunit autour du thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». Il s’agit de porter des demandes de réparations au profit des populations d’Afrique victimes d’exactions, en particulier liées à la colonisation, l’esclavage et l’apartheid.
Le sommet est aussi consacré aux objectifs de l’Union africaine autour de l’Agenda 2063 pour le développement. Djibouti soutient ces objectifs et s’est engagé à consacrer 0,2% du montant de ses importations au fonctionnement de l’Union africaine. Il partage aussi les ambitions de paix et de stabilité en tant que « Terre d’échanges et de rencontres ».
Le président de la République va également soutenir son candidat, Mahmoud Ali Youssouf, au poste de président de la Commission de l’Union africaine. Le vote aura lieu samedi au siège de l’Union africaine.
Mahmoud Ali Youssouf, ministre djiboutien des Affaires étrangères, a déclaré que la résolution des crises en Afrique passe par des pourparlers inclusifs de paix lors d’une rencontre du Conseil de paix et de sécurité (CPS) à laquelle il représentait le président de la République.
Les discussions ont porté sur l’analyse des réformes indispensables à l’Union africaine en vue de son évolution lui permettant de garantir une stabilité durable dans tous ses pays membres, sur la nécessité pour l’Afrique d’assurer détente et paix par l’intégration économique et le développement des richesses. Les situations au Soudan et en RDC ont aussi été évoquées.
L’intervention du ministre djiboutien a suggéré un plan de paix reposant sur « la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et durable, la levée de toutes les restrictions entravant l’accès de l’humanitaire, […] la consolidation d’un processus de médiation unifié qui coordonne les divers efforts en collaboration avec l’IGAD et l’Union africaine » au Soudan. « Nous demandons à nos frères soudanais de privilégier le dialogue et de remettre sur pied […] un Soudan en paix et uni où, la diversité culturelle et ethnique est à nouveau célébrée. […] Faire taire les armes au Soudan n’est pas un choix mais une nécessité absolue pour éviter davantage de souffrance et l’effondrement total de cette grande nation. […] Cette situation catastrophique est d’autant plus aggravée qu’au niveau sanitaire, l’augmentation exponentielle de cas de choléra et de la dengue ont atteint le niveau épidémique ».
Concernant la RDC, Mahmoud Ali Youssouf a invité « les deux parties prenantes à dépasser leurs différences et à entamer le dialogue dans un esprit de fraternité, de paix et de solidarité. […] L’intensification des violences, en particulier au Nord Kivu et Sud-Kivu, menace non seulement la sécurité et le bien-être de millions de personnes, mais compromet également leurs moyens de subsistance, perturbe les services essentiels et met en péril des années de progrès acquis en matière de développement ».
Dans une intervention à la tribune de l’Union africaine ce dimanche 16 février, Ismail Omar Guelleh a estimé que « les atrocités et les humiliations subies ont laissé une blessure profonde et générationnelle dans nos communautés et notre histoire. […] Cette problématique n’est pas nouvelle. C’est un travail qui a été amorcé depuis longtemps par l’OUA, en 1963 ». Il a qualifié « la traite négrière, l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme » de « crimes contre l’humanité ».
Le président djiboutien a aussi déclaré « que les conditions actuelles de la gouvernance économique mondiale sont dépassées et inadaptées à notre réalité. Malgré notre plaidoyer devant les différentes instances internationales, les paramètres ne changent pas beaucoup et continuent à nous maintenir dans la pauvreté et le sous-développement. […] Les systèmes bâtis sur les fondements des anciens ordres mondiaux persistent et continuent de perpétuer des inégalités, exacerbant les défis mêmes que nous cherchons à surmonter ». Il a dénoncé « le double standard lors de nos négociations dans les instances internationales et le résultat de nos difficultés à accéder au développement durable. […] Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser perpétuer l’héritage colonial dans lequel certaines nations contrôlent le sort des autres, tout en ignorant leurs aspirations légitimes au développement, à la justice et à l’égalité ».
En conclusion, il a appelé à des « réparations […] multigénérationnelles, fondées sur le développement » permettant de « reconnaitre les conséquences dévastatrices des siècles d’exploitation et de veiller à ce que le legs de l’esclavage soit discuté avec honnêteté et intégrité ».
Ismail Omar Guelleh est revenu à Djibouti le 17 février 2025. Dans un discours devant le Palais du Peuple, il fit part de sa « fierté consécutive à l’élection de notre pays pour une mission qui transcende nos frontières nationales, qui est de l’ordre continental, à l’échelle de toute l’Afrique. […] Il s’agit là d’un motif supérieur de satisfaction à la mesure de la manifestation de joie qu’il a suscité auprès de nos compatriotes, sur toute l’étendue du territoire national, de Moussa Ali à Loyada. […] C’est dans la communion et la concorde d’esprit et de cœurs de tous ses fils et de toutes ses filles que notre pays saura relever les défis à l’ordre du jour de son développement et que, il sera davantage auréoler sur la scène régionale, continentale et internationale ».
Mahmoud Ali Youssouf a ensuite déclaré que « sans l’investissement plein et entier du Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, je n’aurais jamais gagné cette élection. […] C’est lui qui m’a formé sur un laps de plus de 25 ans, qui m’a apporté une confiance à toute épreuve et qui, dans le cadre de cette dernière échéance, aura usé de toute sa notoriété et de son influence sur la scène internationale pour faire pencher la balance de mon côté. […] Je forme l’espoir d’être à la hauteur de l’immense confiance placée en moi à travers cette élection ».
Ces interventions ont eut lieu au cours d’une cérémonie riche en couleurs à laquelle participait le Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, le président de l’Assemblée nationale Dileita Mohamed Dileita, la Première Dame Kadra Mahamoud Haïd, et de nombreux Djiboutiennes et Djiboutiens de toutes les sphères socio-économiques de notre pays.
![]() |
![]() |