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L’impossible alternance en 2026
 

Quoi qu’un brin provocatrice, cette affirmation découle d’un constat que tout le monde peut faire mais que bien peu arrivent à formuler. En effet, la question de l’alternance recouvre une part de tabou prônant l’abstention [1] et une part d’espérance qui mets les hommes dans un état de latence, celle de l’attente du salut. Or l’honneur appartient, comme nous l’enseignait Nelson Mandela, aux courageux qui ne s’éloignent jamais de « la vérité même dans l’obscurité et la difficulté » [2]. D’autant plus lorsque la question de l’alternance à Djibouti nous interpelle compte tenu des turbulences que connait la Corne de l’Afrique et de l’actualité de l’Afrique francophone qui illustre la dégénérescence des antagonismes politiques en coup d’Etat [3].

L’idée d’alternance renvoie généralement à celle d’une succession de mouvements, elle se définit d’un point de vue politico-juridique comme un « transfert de rôle démocratique au terme duquel dans le respect des institutions, les partis d’opposition (ou une fraction d’entre eux) accèdent au pouvoir politique et les partis au pouvoir (ou une fraction d’entre eux) entre dans l’opposition » [4]. En d’autres termes, c’est la permutation de deux parties ou deux coalitions, dont l’une est au pouvoir et l’autre dans l’opposition. C’est ce qui, entre autres justifiait le renouveau du constitutionnalisme depuis 1992. Cependant, rappelons que l’alternance ne peut se penser sur une période courte de deux ans, mais doit se réfléchir sur le temps long afin de s’approprier les moyens légaux et instaurer un rapport de force essentiel pour la quête du pouvoir.
Du côté du pouvoir actuel, la stratégie de continuité et de pérennisation de l’héritage d’Ismaïl Omar Guelleh a été actée et déclarée par le président lui-même [5]. Du côté de l’opposition, il est fâcheux de constater sa vacuité idéologique, son manque d’implantation locale – si ce n’est de façon virtuelle –, son impuissance organisationnelle notamment pour construire un véritable projet de coalition pouvant mener au pouvoir ou du moins mettre en difficulté l’actuelle coalition au pouvoir. Ces éléments que nous pourrons voir plus en détails dans d’autres articles, indiquent d’ores-et-déjà une impossible succession à seulement deux ans de l’élection présidentielle.

Aicha-Inès Ahmed Youssouf


[1Ces contraintes sont les résistances que l’homme se créé des résistances extérieures et intérieures sous la forme de craintes et de scrupules comme les lois morales, les lois politiques et les lois religieuses. Voir S. Reinach, De l’origine et de l’essence des tabous, cultes, mythes et religions, t. II, Paris, Ernest Leroux, 1906, p. 18.

[2N. Mandela, Conversations avec moi-même. Lettres de prison, notes et carnets intimes, Paris, Points, 2023, 486 p.

[3Il faut tout de même appréhender ces situations selon les contextes de chaque pays : « Les coups d’État en Afrique se succèdent depuis 2019 : Mali, Soudan, Niger… », Le Monde, 9 septembre 2023.

[4O. Duhamel et Mény, Droit constitutionnel, Paris, PUF, 1992, p. 25.

[5« Ismaïl Omar Guelleh : ”Un génocide est en cours à Gaza, je n’ai aucun doute là-dessus“ », entretien avec François Soudan, Jeune Afrique, 8 mars 2024.

 
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