« Allô, Abou Hamza est à Djibouti ». Matt B. le responsable de la CIA à Djibouti parle à Richard V. chef de l’antenne de la DGSE à Djibouti. Abou Hamza, c’est Peter Shérif. Il est passé par Obock, ouis conduit à Djibouti par des yéménites djiboutiens. Il habite la cité Hodane à Balballa, avec sa femme et ses deux enfants, et travaille comme comptable dans une grande entreprise du bâtiment dirigée par un Yéménite. Sa femme, Safouel, donne des cours de français dans diverses associations. Ils ne se cachent pas.
C’est la CIA qui a dégoté l’info. Les Américains ont des moyens monstrueux. Ils ont un temps d’avance sur nous. Là où nous, on déploie 15 personnes, ils en mobilisent 85 sans compter les moyens technologiques, numériques ou satellitaires. C’est le récit captivant de Richard, le responsable de la DGSE à Djibouti, numéro 3 de l’ambassade de France, déçu d’avoir été mis à la retraite à 60 ans, qui relate ces propos sur la traque de l’ennemi public numéro un en France, recherché par toutes les polices du monde, commanditaire de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo par les frères Kouachi. Une fois interpellé et transféré dans les locaux de la SDS pour être interrogé, l’extradition de Peter Shérif demanderait plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C’est là que le ministre des affaires étrangères propose… son expulsion. Bingo ! Mais il veut faire traîner les choses pour tirer la couverture à lui.
Présumé innocent, Peter Shérif a demandé l’asile politique. Il sera expulsé comme l’a proposé Mahmoud Ali Youssouf, ministre djiboutien des affaires étrangères. Le président de la République est furieux. Il souhaite que les services djiboutiens de police et de sécurité soient associés à l’arrestation du numéro 2 de Daech chargé des opérations extérieures, pour profiter de la couverture médiatique mondiale. Dans son livre, Richard fait de nombreuses révélations sur le pays hôte, terrain d’espionnage des puissances militaires présentes et sur le rôle de la France dans nos services de renseignement et de sécurité.
Nous venons de fêter, quoi d’ailleurs… le 46e anniversaire de notre indépendance où nous avons vu défiler nos petits jouets pimpants et rutilants, nos drones et nos bateaux sortis de l’eau au cours d’un défilé militaire terrestre. Pire, la Chine nous a fait cadeau d’un avion de combat, resté dans un hangar car il n’y a personne pour le piloter.
Richard possède un bureau à l’ambassade de France et un autre bureau à la SDS (service de documentation djiboutien). Il raconte que les officiers djiboutiens formés par la France servent de fixeurs au Yémen et en Somalie avant que les individus recherchés ne soient tués par des drones de la coalition. Il parle de la corruption des leaders locaux et de l’indifférence des Chinois à leur égard, se contentant de leur faire réaliser de plus en plus de dettes, qu’importe leur usage. Il cite la réalisation d’infrastructures comme le renouvellement de la voie ferrée Djibouti-Addis-Abeba, qui est un échec total, et des milliards partis en fumée. La construction d’une zone franche chinoise qui oblige les opérateurs à quitter la zone franche djiboutienne et d’y payer des loyers mirobolants. De même, il y a quelques années, quand il fallut quitter le Port autonome international de Djibouti. Il révèle également que l’usine chinoise installée au lac Assal, qui prélève des tonnes de sel et de silicium, verse 13% de son chiffre d’affaire directement à la présidence et non pas au Trésor public national.
Par ailleurs, les forces occidentales installées à Djibouti acquittent des loyers annuels de 150 millions de dollars (26 milliards de francs Djibouti). Une somme dont on ne connaît toujours pas l’emploi. Au même moment, tous les établissements publics djiboutiens et les sociétés publiques ou mixtes ont versé tous leurs avoirs dans une nouvelle structure nommée le Fonds souverain de Djibouti. Enfin, Richard nous met en garde contre l’unique opérateur djiboutien de téléphonie qui contrôle tout… mais vraiment tout. Tout le monde est écouté et enregistré. C’est d’ailleurs comme ça que les Américains ont topé la femme de Peter Shérif avant de remonter jusqu’à lui. Rien de nouveau au pays des Warabas, des Gorgors et des Qummayo… Et ils se disent musulmans… Alors bonne fête de l’Aïd-el-Adha et bonne digestion.
Mais la question que je me pose : vos mâchoires et votre estomac ne se lassent-ils donc jamais ? N’êtes-vous jamais rassasiés ? Le pouvoir et l’argent haram sont peut-être des drogues ? Illahow na bad badi !...Yallow né hatey !... Qu’Allah nous protège !
Vive la République de Djibouti
Allahu Akbar
Nidam Djibouti
Abdo Block Abdou, ancien ministre des Affaires étrangères et de la coopération