C’est presque un tabou que de s’interroger sur des pratiques sociales protégées par ce que l’on croit savoir de la religion. L’obligation d’acheter des vêtements neufs pour les fêtes de l’Aïd fait partie de ce que l’on tient pour authentique, qu’il serait presque blasphématoire de remettre en cause, d’en même questionner la véracité. Pourtant, aucun verset d’aucune sourate du Coran ne s’y réfère explicitement, n’enjoignant au croyant de s’acheter des vêtements neufs à chaque Aïd.
Rien non plus dans la sunna, la tradition prophétique, jusqu’à plus ample informé. Il est juste recommandé de porter « les plus beaux habits », nullement d’acheter des vêtements neufs. Par contre, celle-ci raconte que notre prophète avait refusé de porter des habits en soie, en quelque occasion que ce soit, trouvant cela « indécent » au regard de la misère environnante.
Ici comme ailleurs où l’ostentation a vaincu la piété discrète, l’on se rue et l’on se bouscule pour acheter des vêtements neufs en ces occasions. C’est un snobisme cautionné par ce que l’on tient pour un devoir religieux.
Et certaines familles à revenu modeste économisent des mois durant pour en mettre plein la vue le jour de l’Aïd, et c’est sans honte que les foutas BHS s’exhibent dans des quartiers pataugeant dans la boue ou les flaques d’eau stagnante, même au Plateau. Qu’il pleuve jeudi prochain, in cha Allah.
Au fait, ces foutas BHS ou ces boubous made in Suisse, c’est fabriqué avec quoi ? Est-ce moins cher que la soie que le prophète refusa de porter ?
Acheter des vêtements neufs pour l’Aïd c’est, pour dire les choses comme elles sont, un snobisme généralisé, socialement cautionné au nom de la religion.
Et puis, est-il permis d’accomplir le pèlerinage de la Mecque avec l’argent d’autrui ? Non ? Pourtant, même s’ils le peuvent financièrement, c’est ce que font tous ceux, serviteurs du régime, qui sont pris en charge par l’État, même si c’est l’Arabie saoudite qui paye.
Il y a trop de haram dans la pratique ostentatoire d’un islam au service des dictatures et des injustices. Alors, que disparaisse le chic du chiqué.
Cassim Ahmed Dini
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